Nous sommes fans… de jardinage

Dès le 20 juin, Continuité, magazine québécois consacré au patrimoine, publiera son prochain numéro intitulé « Plantes et jardins d’antan. Cultiver ses racines ». Ce n’est pas la première fois que ce magazine se penche à ce sujet. Dans le numéro de l’été 2005, la rédactrice en chef Louise Mercier explique les origines de l’engouement des Québécois pour le jardinage :

Élitiste à ses débuts, l’amour des jardins s’est démocratisé, notamment grâce aux Floralies de Montréal, au travail de diffusion de l’Association des jardins du Québec et au programme gouvernemental Villes et villages fleuris, qui a suscité un véritable engouement. Aujourd’hui, le Québec compte un nombre incroyable de jardins de toutes tailles et de toutes vocations. Municipalités, gouvernements, corporations, fondations, institutions d’enseignement, propriétaire privés en sont autant de gestionnaires. (Mercier, 2005, p. 3)

En 2006, un Québécois sur trois s’adonnerait au jardinage. (Source) En 2014, un ménage montréalais sur deux produirait des aliments comestibles, que ce soit sur un balcon ou dans un potager. (Source) Comment expliquer un tel engouement ?

Malgré les exigences demandées en temps et en argent, les fans du jardinage peuvent en retirer des bénéfices, comme le démontre cet extrait tiré de la thèse en sociologie de Julia Barrault :

[…] s’il est une caractéristique historique du jardinage, et en particulier de la culture potagère, c’est bien celle de l’échange et du don des produits de son jardin, à la famille, aux amis, aux voisins… Se développe ainsi une sociabilité précieuse entre jardiniers, qui, si elle n’est pas nouvelle, garde toute son importance aux yeux des jardiniers contemporains. (Barrault, 2012, p. 101)

Ce principe de don peut être important, surtout lorsqu’une personne a peu de revenus. Manon Boulianne, Geneviève Olivier-d’Avignon et Vincent Galarneau se sont intéressés au jardinage communautaire et collectif dans la région de Québec. Inspirés par le travail de D. Cérézuelle et G. Roustang (L’autoproduction accompagnée. Un levier de changement), ils constatent ceci :

Dans près de trois quarts des jardins communautaires et dans près de la moitié des jardins collectifs, on signale qu’une part (autour de 15 % en moyenne) des produits du jardin circule sous forme de dons individuels faits à des parents, à des voisins, à des amis. Cette capacité à donner peut être significative pour des gens démunis puisqu’elle leur permet de participer à nouveau à un échange social et donc, de les sortir de l’exclusion dont ils sont parfois victimes. (Boulianne, Olivier-d’Avignon et Galarneau, 2010, p. 4)

Autre avantage : le jardinier peut retirer du plaisir dans le savoir qu’il acquiert. En 1998 paraît le collectif Passions ordinaires. Du match de football au concours de dictée, dans lequel on peut retrouver la recherche d’Annie-Hélène Dufour à propos du jardin. Le magazine Sciences Humaines résume bien cet article :

[…] les férus de jardinage sont de véritables experts qui maîtrisent des connaissances aussi bien botaniques, météorologiques que phytosanitaires. Ces savoirs s’acquièrent par la lecture de magazines spécialisés, par les conseils recueillis auprès des vendeurs, mais aussi par l’expérience et les échanges d’informations. Très vite le jardinier amateur se pique au jeu. Cette dimension « savante » faite de recherches, d’enquêtes, de tâtonnements expérimentaux est commune aux généalogistes, aux bricoleurs, aux historiens amateurs ou encore aux passionnés de micro-informatique. (Source)

En conclusion, le jardinage est une passion qui rapporte, non seulement en récoltes et en connaissances, mais aussi en valeurs immobilières. D’après le Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD), une allée de fleurs peut augmenter la valeur de la propriété de 4 % (Source : http://archives.contact.ulaval.ca/articles/poussee-fievre-pour-jardinage-125.html). À méditer lors du prochain désherbage.