Nous sommes fans… d’humour québécois

Au moment de publier ce billet, la 32e édition du festival Juste pour rire est déjà commencée. Un peu plus tôt ce samedi, la journaliste Élizabeth Ménard écrivait qu’environ 15 000 passeports donnant accès au festival ont été vendus. (Source) Une autre preuve de l’engouement pour l’humour québécois : en 2011, la moitié des spectacles faisant partie du top 10 du palmarès des spectacles payants au Québec sont des spectacles d’humour. (Source) Jusqu’à quel point les Québécois sont fans d’humour ?

L’humour est avant tout un art ayant évolué avec les mœurs de l’époque. Dans son compte rendu du livre Histoire de l’humour au Québec de 1945 à nos jours de Robert Aird, Andrée Fortin parvient à résumer cette évolution :

En 50 ans, on passe du théâtre de Radio-Cité à celui des Variétés puis au Festival Juste pour rire, d’un humour cathartique à une industrie de l’humour dans une société baignant dans un « climat humoristique » et où l’humour tend à devenir une simple « forme esthétique ». (Fortin, 2004, p. 384)

Robert Aird n’est pas le seul à analyser l’humour québécois. En 2006, Simon Papineau déposa son mémoire de maîtrise en communication intitulé « Ce que cherche à exprimer l’humour absurde moderne québécois : portrait psychosocial de l’humour absurde au Québec en 2005 ». Offrant une analyse de différents humoristiques tels que Bruno Blanchet, les Chick’n Swell et Patrick Groulx, ce mémoire donne une idée du public cible de ce type d’humour :

[L’humour absurde moderne québécois] semble être un caméléon dont l’identité reste encore ambiguë, les frontières difficiles à définir et qui plaît plus particulièrement aux 15­35 ans. [..] À la fois un «refuge» et une «douce révolte», [il exerce] un contrepoids à une société de performance axée sur la compétition en proposant un retour à la simplicité, aux valeurs plus humaines et ce en redonnant de la saveur à la «banalité». (Papineau, 2006, p. xi)

D’autres études s’intéressent plutôt à la réception du public, comme celle de Karelle Kennedy nommée « L’appréciation de l’humour engagé et de l’humour absurde au Québec : une étude exploratoire comparative ». Après une analyse de critiques concernant les spectacles de Guy Nantel et d’André Sauvé, son interprétation se veut nuancée :

Les résultats de l’analyse de contenu manifeste confirment donc qu’il existe un écart du niveau d’appréciation entre les deux humoristes, même si celui-ci demeure marginal en ce qui concerne les critiques spectatorielles. Il importe également de rappeler que cette analyse est basée sur un seul spectacle et surtout, qu’il nous est impossible d’attester que les différences obtenues entre les styles d’humour sont statistiquement significatives compte tenu de la petite taille de l’échantillon étudié. (Kennedy, 2013, p. 76)

En guise de conclusion, ceux qui voudraient en savoir plus sur l’humour québécois seraient peut-être intéressés à surveiller la diffusion de L’Observatoire de l’humour. Tirée du colloque du même nom ayant eu lieu en novembre 2013, cette émission présentera deux épisodes d’une heure à partir du 11 août sur le canal Savoir.