Nous sommes fans… de Naruto

15 ans et 72 volumes plus tard, le manga Naruto tire bientôt à sa fin (Source). Quelques études portant spécifiquement sur les fans de ce manga ont été repérées, l’une présentant une vision externe du fandom et l’autre, une vision davantage interne. Voici ce que nous avons résumé pour vous.

Selon Radosław Bolałek, il existerait trois générations de fans de mangas en Pologne. La première, la génération Sailor Moon, est apparue lorsque l’anime du même nom était diffusé à la télévision en 1994, à une époque où le communisme avait disparu et à laquelle on voyait l’anime comme une alternative aux produits culturels de l’Occident. La deuxième, la génération Dragon Ball, se situe autour des années 2000 alors que la diffusion d’animes et de mangas était facilitée par la technologie et Internet. Enfin, la génération NARUTO arrive plus tard, au moment où Internet facilite la distribution de scanlations, c’est-à-dire des mangas numérisés et traduits pouvant être considérés illégaux. Cette génération, considérée comme la plus « numérique » des trois, serait plus agressive et intolérante comparée aux générations précédentes :

Because of their attitude, NARUTO fans who are fixated on that specific franchise only are called “Narutards” by other manga fans, derived from “Naruto” and “retard”—an offensive word meaning “a person with a mental retardation” or “a stupid person, one who is slow to learn”. But this is not specifically Polish. (Bolałek, 2011, p. 42)

De son côté, Jeffrey Adam Garrison a une vision plus positive des fans de Naruto, étant lui-même fan de ce manga. Dans le cadre de son mémoire de maîtrise publié en 2013, il s’est demandé si les fans d’animes et de mangas ont une vision stéréotypée du Japon par le biais de ces produits culturels. Concernant les fans de Naruto, il explique pourquoi ceux-ci sont moins bien perçus par les autres fans de manga :

Anime featured on Cartoon Network, while popular, is often seen as « mainstream. » Both Naruto and Inuyasha have been marketed by major networks in the United States, each meeting with explosive popularity among viewers. With this distinction, more « cultured » (and thus, self-perceived « true ») anime fans may judge those who are fans of these series as less cultured and, thus, false anime fans: weaboos. (Garrison, 2013, p. 47)

Or, comme n’importe quel fan de manga ou d’anime, le fan de Naruto possède un sens critique et n’idéalise pas systématiquement le Japon. Garrison le prouve par le biais de discussions sur des forums consacrés à ce manga.

It would appear that the Japanese and Shinto influences in Naruto do draw western consumers in. That said, this is hardly a negative thing. Many fans, like Doritocheese, are driven to research information about more concrete facets of Japanese culture- in this case, Japanese mythology. Fans certainly can be attracted to the Japanese flavor of a text, but this doesn’t mean that they Orientalize it. From what I have seen, much of what fans enjoy about the Naruto series are the universal aspects- relationships between characters, personality traits, and other story elements that appeal to them personally. (Garrison, 2013, p. 37)

Que vous soyez fan de Naruto ou non, il faut reconnaître que quinze ans de mangas, c’est beaucoup de travail. Cependant, le record du plus long manga de l’histoire revient à Kochikame, qui, en octobre 2014 a publié son 192e volume et existe dans le paysage culturel japonais depuis… septembre 1976 !