Récemment, la bande-annonce du film tiré du livre Fifty Shades of Grey fut dévoilée. Le film connaîtra-t-il un succès équivalent au livre ? En attendant sa sortie en salles, prévue pour février 2015, faisons un retour sur le succès de la trilogie.
En janvier 2013, Geneviève Rossier écrit sur le blogue de Coup de pouce :
Avec 65 millions d’exemplaires vendus, la trilogie Cinquante Nuances de Grey est un phénomène culturel. Un directeur d’hôpital à Kitchener en Ontario lui attribue un boom des naissances, et dans les 37 pays où on peut trouver le livre, les boutiques de sexe enregistrent des ventes record: les fans de Grey veulent reproduire ses jeux sexuels pour redonner du piquant à leur vie conjugale. (Source)
Comment décrire ceux qui ont succombé à la lecture de cette trilogie ? Durant l’été 2012, Ruth A. Deller et Clarissa Smith ont récolté 83 réponses de lecteurs par le biais d’un questionnaire. Leurs résultats ont été publiés dans l’article intitulé « Reading the BDSM romance : Reader responses to Fifty Shades », qui a paru dans la revue Sexualities :
Among the readers, 24% identified as being regular romance readers and 14% as regular erotica readers; 59% had read romance before and 39% erotica – although, as we have mentioned, our focus in this article is on those who would not describe themselves as regular readers of either genre. When asked what they thought about the romance elements of the novels, several readers criticized these, comparing the novels unfavourably to other romantic literature or genre fiction […]. (Deller et Smith, 2013, p. 942)
Dans « 50 nuances de romance : 50 Shades à la lumière de Twilight », Geneviève Whitlock ajoute d’autres détails concernant le lectorat de ces romans :
La plupart des lectrices sont en effet des femmes mariées, ce qui explique que le New York Times qualifie le roman de «mommy porn». Or, cette étiquette se base sur l’idée voulant que les bonnes mères et femmes au foyer ne lisent pas de littérature érotique et reprend le cliché de la division femme-mère-putain. 50 Shades n’est pas un porno pour femmes prudes, car il n’est pas un porno du tout. Comme nous l’avons expliqué plus haut, 50 Shades se classe plutôt dans le genre romantique. Le roman respecte les normes de la chick-lit, mais inclut des scènes de sexe explicites là où les Harlequin ordinaires laissent les lectrices sur leur faim. C’est ce qui fait sa richesse et probablement son succès. (Source)
Un autre élément qui pourrait expliquer le succès de Fifty Shades of Grey est son origine. En effet, avant d’être publié, la trilogie était connue sous le nom de Master of the Universe, une fanfiction de la saga Twilight. Dans « Fifty Shades of Remix: The Intersecting Pleasures of Commercial and Fan Romances », Katherine Morrissey établit des liens entre les fanfictions et les romans à l’eau de rose :
The public nature of Fifty Shades’ success and the equally public media debate over the “threat” BDSM content might represent to susceptible (i.e., female) readers has brought both fan fiction and romance into the spotlight again, reactivating many conversations about the relationship between these two modes of writing. Of course, the reactions and concerns described here do not reflect the views of all fan or commercial romance readers. More importantly, while here these reactions have been organized as emerging from two different writing and reading communities, the reality is that there is also a great deal of crossover between these spaces. Many fans of romantic stories read both fan fiction and commercial romances. Although there are differences between fan fiction stories and commercial romances, the success of Fifty Shades reminds us that stories, readers, and writers are flowing across these community boundaries. (Morrissey, 2014, p. 4)
En conclusion, peu importe le genre littéraire, les lecteurs vont avant tout s’attacher à une histoire, qu’elle soit une fanfiction ou un roman. De plus, il ne faut jamais soupçonner le pouvoir de l’Internet… ou du simple bouche-à-oreille.