Pour les Québécois, la diffusion du Bye Bye à la télévision est une tradition de longue date. En effet, la plus récente édition, soit le Bye Bye 2013, a attiré un record de 4 149 000 téléspectateurs (Source). Mais que consiste au juste ce Bye Bye ?
Le sociologue Yves Laberge définie le mieux cette émission :
Entre 1968 et 1998, la télévision de Radio-Canada a diffusé une émission devenue légendaire : le Bye Bye. Produite une fois par an et présentée le soir de la Saint-Sylvestre, à 23 heures, elle permettait à des millions de téléspectateurs québécois de vivre simultanément, le plus souvent en direct, le passage de l’ancienne à la nouvelle année, avec humour, chansons, fausses publicités, sketches et compte à rebours final pour se souhaiter la bonne année. (Laberge, 2005, p. 32)
La formule de cette émission de variétés nous rappelle celle des « revues satiriques, truffées de références à l’actualité et agrémentées de chansons et de numéros de danse. Ces revues dominent la scène urbaine québécoise au tournant du [20e] siècle et perdureront pendant les décennies suivantes. » (Source) Jean-Cléo Godin, ancien professeur de littérature française et québécoise, a analysé ce genre dans un article paru en 1979.
La revue n’est certes pas née du cinéma, car ses ancêtres sont plus lointains : la farce et la sotie, le grotesque et le divertissement de « mauvais goût » sont de tous les âges et se retrouvent à peu près partout — aussi bien, si l’on veut, chez Aristophane et Plaute que dans la commedia dell’arte ou chez Gilles Latulippe. Il semble bien que dans notre courte tradition du spectacle, la revue se développe dans le sillage du boulevard et du vaudeville, et correspond sans doute à un effort pour contrer l’influence du cinéma naissant ; d’où une parenté évidente, des influences perceptibles. (Godin, 1979, p. 145)
L’utilisation de l’humour est ainsi primordial, autant dans les revues que dans les Bye Bye. Cependant, la réaction à l’humour utilisé peut être vive. En 2011, Dominique Lagorgette, Diane Vincent et Geneviève Bernard Barbeau ont analysé un sketch du Bye Bye 2008, dans lequel le mot nègre était utilisé.
Cette scène est donc construite autour de nombreuses ruptures dans les attentes, de contrastes et d’allusions à des événements antérieurs. L’interprétation la plus plausible, soit celle de la satire, est la suivante : les Américains sont racistes et Barack Obama risque d’être assassiné pendant son mandat, à l’instar d’autres présidents américains. En conséquence, c’est le comportement raciste des Américains blancs qui est visé par les auteurs du sketch.
Toutefois, force est de constater que cette interprétation satirique n’est pas celle qui a été privilégiée par plusieurs puisque plus de 200 plaintes ont été déposées au Conseil de radiodiffusion et de télécommunication du Canada (CRTC, organisme chargé de contrôler l’utilisation des ondes publiques) dans les heures qui ont suivi la diffusion de l’émission. En outre, les réactions par Internet ou dans les médias traditionnels se sont comptées par milliers. (Lagorgette, Vincent et Bernard Barbeau, 2011, p. 32)
En résumé, que l’on aime ou pas, le Bye Bye est une émission de fin d’année qui fait réagir fortement les Québécois. Je vous invite à jeter un coup d’œil à l’analyse de Martin Lessard, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, qui estime que les fonctions du Bye Bye sont devenues obsolètes. Que pensez-vous de son interprétation ?