[Cet article a été publié originellement le 21 mars 2015 sur Syndromemag.]
Ce mois-ci, le journal Transformative Works and Culture a sorti son numéro spécial sur la performance et la performativité dans le fandom. Si nous nous basons sur les propos de Richard Schechner, la performance doit être envisagée comme une action qui a un sens, une signification profonde. Bref, tout ce qui est pratiqué au quotidien ou dans les occasions spéciales peut être envisagé comme une performance (Source). Le mariage, thématique ou non, peut également être vu comme une performance.
À propos de l’auteure
Jessica E. Johnston est présentement en train de compléter une maîtrise en Média, Cinéma et Études numériques à l’Université du Wisconsin à Milwaukee (États-Unis). Le sujet de son mémoire est la production et la réception de vidéos d’éducation sexuelle sur Youtube. Parmi ses sujets d’intérêt, nous retrouvons la culture participative, la culture populaire, les études féministes et du genre au cinéma et dans les médias ainsi que l’histoire du cinéma.
À propos du sujet
Pour les 50 ans de Doctor Who, le Bloomsbury Ballroom de Londres a invité 50 fans de la série télévisée britannique à prononcer leurs voeux dans un mariage thématique. En consultant les archives d’Internet, il est possible de retrouver le profil des couples mariés, ainsi que l’histoire de leur rencontre et de leur amour pour Doctor Who.
Cet événement démontre un intérêt de plus en plus marqué pour les mariages thématiques en lien avec son fandom préféré. Dans le cas de Laurie et de Justin, ceux-ci ont décidé de se marier à l’église. Si leurs habits respectent la tradition occidentale du mariage, l’utilisation de la couleur bleue dans la décoration ainsi qu’un gâteau de mariage en forme de TARDIS permettent cependant d’identifier le couple en tant que fans de Doctor Who.
À propos de la recherche
D’après Johnston, la performance d’un fandom dans un mariage dépend de la façon dont les futurs mariés choisissent de se représenter par rapport aux autres. Alors que certains fans se sentiraient restreints dans la démonstration de leur objet d’intérêt en raison du respect de la tradition, d’autres fans voient le fandom comme une manière d’exprimer une identité peu acceptée par la majorité de la population. De cette manière, ces fans communiquent la complexité de leurs identités dans un espace hétéronormatif. Parfois, le mariage thématique n’est pas nécessairement une prise de position sur le renversement des traditions, mais davantage une personnalisation afin de rendre ce mariage plus agréable par rapport à leur identité.
Selon leur contexte socio-économique, un couple peut avoir plus ou moins de liberté dans le choix d’éléments liés au fandom (robe, anneaux, décoration, gâteau de mariage, etc.). Selon leurs habiletés personnelles, il peut soit se procurer ces éléments auprès d’autres fans ou soit se les faire soi-même. Il peut également s’inspirer de photos de mariages thématiques mis en ligne, menant ainsi le couple à un plus grand contrôle sur la formation de leur propre identité de fan. Cependant, ces photos peuvent aussi créer beaucoup de pression sur les fans s’ils ont l’intention de performer pour des fans plutôt que pour des proches et amis, qui risquent de ne pas comprendre les références au fandom dans leur cérémonie.
Pour conclure, les entreprises liées à l’industrie du mariage commence à s’apercevoir du pouvoir d’achat des fans. Entre temps, ces fans font de leur mariage une expérience primordiale de fan en faisant de celui-ci un spectacle, une performance. Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://journal.transformativeworks.org/index.php/twc/article/view/637/507