[Cet article a été publié originellement le 9 mai 2015 sur Syndromemag.]
Notre étude de la semaine est tirée d’une revue en ligne publiée par la Fandom and Neomedia Studies (FANS) Association : The Phoenix Papers. Cette association organise en ce moment son troisième congrès annuel, qui aura lieu à Dallas les 6 et 7 juin prochain. Sa programmation s’annonce variée, à l’image de l’anime Hetalia, qui a été un objet d’étude linguistique.
À propos de l’auteure
Chelsea J. Murdock est actuellement au doctorat en rhétorique et composition à l’université du Kansas. Parmi ses intérêts, nous retrouvons les études autochtones, la multilittéracie et les nouveaux médias. Au cours de l’été 2014, elle a enseigné un cours d’anglais en ligne dans lequel les étudiants devaient entre autres écrire une fanfiction. Il est possible de consulter le syllabus de ce cours sur cette page.
À propos du sujet
Hetalia a commencé en tant que webcomic avant de devenir un manga, puis un anime. Il s’agit d’une allégorie humoristique présentant différent événements politiques et historiques à travers des personnages personnifiant différentes nations, telles que l’Allemagne, le Japon ou les États-Unis. À partir de cette prémisse, les personnages développent leur personnalité sans allusion historique. Par exemple, en 2010, le film Paint it, White! raconte la transformation de plusieurs personnages d’Hetalia en extraterrestres nommés « Pictonians ».
À propos de la recherche
En se basant sur le doublage anglais de Paint it, White!, Murdock a analysé les dialectes et les accents utilisés par les personnages, principalement par Allemagne et Japon. Ainsi, dans le cas d’Allemagne, le phonème /w/ est remplacé par /v/ (ex. : what/vhat, we/vee, whatever/vhatever) alors que dans le cas de Japon, c’est /r/ qui est remplacé par /l/ (ex. : less/ress, cultural/curturar, sporadically/sporadicarry). Autre constatation : le doublage anglais utilise des emprunts lexicaux, un processus dans lequel on utilise un terme d’une autre langue. Dans sa recherche, Murdock a repéré treize emprunts allemands (ex. : wunderbar, nein, Scheiße) et six emprunts japonais (ex. : noppera-bō, hai, konnichiwa).
Murdock a également analysé l’usage des dialectes et accents dans le fandom d’Hetalia, qui ont entre autres été reproduits dans les fanfictions. Par contre, l’utilisation d’emprunts lexicaux rencontre une résistance de la part des lecteurs et auteurs de fanfictions, plusieurs reprochant l’utilisation aléatoire de ces termes. Autre reproche dans le domaine des fanfictions : le changement de phonèmes (ex. : /r/ remplacé par /l/ pour Japon) peut être perçu comme illustrant une représentation négative et stéréotypé d’un personnage. Il s’agit néanmoins d’une pratique utilisée à environ 60 % des fanfictions analysées par Murdock. Enfin, dans le cas des cosplays, les personnes ont tendance à adopter les accents et dialectes parlés dans le doublage anglais afin de rester fidèles à cette version de l’anime.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://fansconf.a-kon.com/dRuZ33A/wp-content/uploads/2013/07/Draw-a-Circle-An-Examination-of-World-Englishes-in-the-Hetalia-Fandom-by-Chelsea-Murdock.pdf