Le symposium Manga Futures : Institutional and Fan Approaches in Japan and Beyond avait lieu du 31 octobre au 2 novembre 2014 à l’Université de Wollongong, en Australie. Grâce au mot-clic #mangafutures, il était possible d’avoir une idée des discussions concernant les différents panels qui étaient présentés. Deux thèmes ont retenu notre attention.
Les mangas et la censure
Pour plusieurs fans de manga, leur source de divertissement s’appuie massivement sur des œuvres piratées. (Source) S’ils décident de suivre cette passion dans un contexte académique, comment doit-on les encadrer tout en respectant les lois ? Il s’agit d’une des questions posées par Mark McLelland, sociologue et historien spécialisé en culture japonaise de l’Université de Wollongong. Une des solutions envisagées serait que si les lois entourant le droit d’auteur sont brisées régulièrement, ces mêmes lois ont besoin d’être changées pour répondre aux besoins des usagers et non de l’industrie. (Source) L’aspect juridique est également abordé par Sharalyn Orbaugh, professeure en études asiatiques de l’Université de la Colombie-Britannique. Dans sa présentation, elle aborde les conséquences entourant le cas R. v. Sharpe (2001) pour les fans canadiens de mangas et d’animes. Alors que la représentation d’un personnage mineur dans une activité sexuelle explicite pourrait être considérée comme de la pornographie juvénile selon la loi canadienne, plusieurs créateurs interviewés ont affirmé utiliser des représentations de la sexualité dans leurs fanworks afin de régler leurs problèmes personnels. (Source) Selon Orbaugh, c’est l’actuel mouvement néolibéral qui expliquerait en partie cette censure. (Source)
Les économies culturelles
Vers la fin des années 2000, les mangas deviennent populaires en Hongrie. De 2010 à 2014, Zoltan Kacsuk, de l’Université polytechnique et économique de Budapest, a mené une étude au sein de ce fandom. Selon les observations de Kacsuk, malgré la perte de l’intérêt des Hongrois pour les mangas et les animes au profit de séries télévisées occidentales (Source), le fandom anime/manga aura permis d’accroître la visibilité de la femme fan dans la culture geek. (Source) De son côté, Jessica Bauwens-Sugimoto, de l’Université de Ryūkoku, s’est intéressée aux « fujoshi », un des termes utilisés pour décrire des fans de yaoi. Alors que la plupart des études sur le Boy’s Love se concentrent surtout sur les identités sexuelles, celle de Bauwens-Sugimoto se penche sur la culpabilité que peuvent ressentir certaines fujoshi en raison de leur attachement à leur religion. (Source) Grâce à l’accessiblité qu’offre Internet, les fujoshi peuvent se trouver n’importe où dans le monde (Source), même dans les pays où les relations homosexuelles ne sont pas approuvées (Source).
Par ces interventions, nous pouvons conclure que le choc culturel japonais est loin d’être atténué et que des remises en question demeurent nécessaires, autant à un niveau national (ex. : pour les lois) qu’à un niveau personnel (ex. : son identité religieuse). Il est possible de consulter la liste complète des présentations de Manga Futures sur cette page.