[Cet article a été publié originellement le 17 janvier 2015 sur Syndromemag.]
Les Bronies, ces fans adultes de la série d’animation My Little Pony : Friendship is Magic, continueront de faire parler d’eux avec la sortie d’une cinquième saison, prévue ce printemps. En attendant, je vous propose le résumé d’un article publié dans le journal interdisciplinaire Culture and Religion en décembre 2014.
À propos de l’auteur
L’auteur de cet article, Andrew Crome, a obtenu un doctorat en religions et théologie à l’Université de Manchester (Angleterre) en 2009. Depuis, il est conférencier sur l’histoire du christianisme moderne à cette même université. Parmi ses intérêts de recherche, on retrouve la religion dans la science-fiction, en particulier dans Doctor Who. Crome a d’ailleurs contribué à la rédaction du livre Time and Relative Dimensions in Faith: Religion and Doctor Who, qui a paru en 2013.
À propos du sujet
La franchise My Little Pony a débuté en 1982 et a connu plusieurs générations de dessins animés inspirés par ses jouets. My Little Pony : Friendship is Magic, qui a commencé 2010, est la quatrième génération. Plusieurs internautes, qui ont commencé à regarder cette série avec une approche ironique, ont apprécié ces poneys colorés et se sont surnommés Bronies (un mot-valise rassemblant « bros » et « ponies »). Selon un récent sondage, 80 % des Bronies sont de sexe masculin, leur moyenne d’âge est de 21,4 ans et sont généralement âgés de 15 à 35 ans.
La popularité de la série ne se dément pas. À titre d’exemples, les comics liés à la série publiés chez IDW ont été vendus à plus d’un million de copies en moins d’un an. De plus, les artisans de la série reconnaissent l’attrait de celle-ci exercé sur un public plus âgé que celui visé et ajoutent différentes références, dont The Big Lebowski et Bioshock.
À propos de la recherche
Plusieurs chercheurs ont imaginé le fandom en tant que religion de substitution. Une comparaison problématique selon Crome, puisque cela suggérerait que le fandom et la religion seraient incompatibles. Crome propose plutôt une analyse sur la foi par le biais des fan works, en particulier les fanfictions.
Dans le cadre de son article, Crome s’est penché sur différents fan works inspirés par le christianisme afin de démontrer comment des Bronies, également chrétiens, abordent la religion. Par exemple, dans « A Rainbow’s Prayer », l’auteur Mattias Unidostres se sert des événements de l’épisode « May the Best Pet Win! » pour explorer les thèmes de l’orgueil et du repentir. Il est intéressant de noter que l’auteur de cette histoire reconnaît le fandom comme un endroit où les croyances peuvent être articulées d’une manière non conflictuelle.
D’autres Bronies utilisent la fanfiction pour examiner certaines questions théologiques. Un des exemples illustré dans l’article est l’histoire « The Element of Love », qui emprunte un concept tiré de la sotériologie selon lequel un seul péché disqualifierait une personne prétendant la droiture. Dans le cas de « The Element of Love », seuls les « purs » peuvent porter les Éléments d’équilibre (Elements of Harmony), des artefacts magiques importants.
Dans sa conclusion, Crome affirme que les fan works analysés prouvent une réaffirmation de la foi par le biais du fandom. En effet, ce dernier offre des outils (des symboles, des personnages…) pouvant être utilisés pour l’enseignement religieux, la spéculation théologique ou l’exploration des Saintes Écritures. En résumé, la foi et le fandom n’ont pas besoin d’entrer en conflit.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14755610.2014.984234#.VLLHyXvcjf0