[Cet article a été publié originellement le 28 mars 2015 sur Syndromemag.]
Cette semaine, l’article que nous allons vous résumer provient de Japan Forum, le journal officiel de la British Association for Japanese Studies. Pour l’année 2015, son premier numéro est un spécial sur la culture populaire japonaise et le tourisme de contenu. Qui dit culture populaire japonaise dit également mangas et animes, dont Lucky Star est un des exemples illustrant le mieux ce type de tourisme.
À propos de l’auteur
Yamamura Takayoshi est professeur au Center for Advanced Tourism Studies à l’université de Hokkaidō (Japon). Ses principaux champs d’intérêt sont le tourisme patrimonial et le tourisme culturel. Une de ses recherches, accessible en ligne, aborde l’impact social et culturel du développement touristique de la vieille ville de Lijiang, une ville chinoise faisant partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
À propos du sujet
Lucky Star est un manga yonkoma créé en 2004 dans lequel nous suivons la vie quotidienne de quatre jeunes lycéennes. Pour l’adaptation du manga en anime, le sanctuaire Takamiya, qui apparaît dans le générique de début, est inspiré de celui de Washinomiya, situé à Washimiya (maintenant fusionné à la ville de Kuki). En mai 2007, soit environ un mois après le début de la diffusion de l’anime, un auteur amateur du nom d’Izkui auto-publie un magazine destiné aux fans de l’anime désirant visiter le sanctuaire Washinomiya tout en respectant la population locale.
Constatant l’intérêt des fans pour leur sanctuaire, la Commerce and Industry Association of Washimiya les a questionnés par le biais d’entrevues, ce qui a permis le développement de souvenirs et d’événements en lien avec l’anime. À titre d’exemple, avant la diffusion de l’anime, l’hatsumōde, cette visite du sanctuaire durant les trois premiers jours du Nouvel An, attirait 90 000 visiteurs à celui de Washinomiya. En 2010, soit trois ans après la diffusion de l’anime, cet événement attire environ 450 000 visiteurs.
À propos de la recherche
Selon Takayoshi, la visite du sanctuaire Washinomiya correspond à ce qu’on appelle le tourisme de contenu (contents tourism), c’est-à-dire un tourisme utilisant le contenu lié à un territoire local, qu’il provienne d’un film, d’une série télévisée, d’un manga ou autre. Pour l’auteur, ce qui explique le succès de cette association Lucky Star/Washimiya est l’étroite collaboration entre les fans, la population locale, l’association de commerces ainsi que les titulaires de droits d’auteur de l’anime (Kadokawa). Par exemple, en guise de reconnaissance, les fans achèteront des biens produits par les commerces ayant adopté l’anime.
Le respect est aussi un élément important derrière ce succès. Alors que les fans respectent la population locale, celle-ci les considère comme des invités importants plutôt que des gens obsédés par leur anime. Du côté de l’association et des titulaires de droits d’auteur, les deux collectifs comprennent qu’ils sont tous les deux gagnants en agissant pour le bien de leur partenaire.
Cependant, le tourisme de contenu ne peut s’appliquer à tous les mangas ou les animes. À titre d’exemple, l’anime Silver Spoon, diffusé en juillet 2013, dépeint la réalité d’un lycée agricole dans la région de Hokkaidō. La crainte de voir les visiteurs propager des maladies au sein du bétail a fait en sorte que la compagnie de production demande aux fans de s’abstenir de visiteur les lieux ayant inspiré l’histoire.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09555803.2014.962567#.VRXIxeHcjf0