[Cet article a été publié originellement le 18 avril 2015 sur Syndromemag.]
Alors que l’exposition Game On est actuellement présentée au Centre des sciences de Montréal, nous avons trouvé pertinent de vous présenter une étude liée aux jeux vidéo. Intitulé « Créer ou produire un jeu vidéo? Étude ethnographique d’un milieu de production vidéoludique montréalais », ce mémoire de maîtrise en anthropologie a été déposé en août 2014 à l’Université de Montréal.
À propos de l’auteur
Yann Pineault considère le jeu vidéo comme l’un de ses loisirs favoris. Parmi ses textes publiés sur son site Internet, nous retrouvons une réflexion sur les jeux vidéo et les rites. Maintenant pigiste, il offre ses services en tant que spécialiste en anthropologie culturelle.
À propos du sujet
Montréal est souvent présenté comme une ville créative, comme le démontre la fondation de Softimage en 1986 (Source) et de Discreet Logic en 1991 (Source). Cependant, c’est l’arrivée d’Ubisoft à Montréal en 1997 (provoquée par le plan Mercure) qui permettra d’en faire une ville accueillante pour les studios de jeux vidéo. Ubisoft fera d’ailleurs partie du projet de thèse de Laurent Simon, qui effectuait à cette époque un doctorat en anthropologie (Source).
Lors de sa recherche, Pineault a remarqué que la plupart des études du jeu vidéo s’intéresse à la consommation ou à la production du produit, mais peu aux conditions des développeurs de jeux. Une lacune qu’il a espéré combler avec son mémoire.
À propos de la recherche
Pour cette recherche, Pineault a effectué un travail de terrain de cinq mois au sein d’une entreprise de développement de jeux vidéo à Montréal. En plus d’observations, il a effectué seize entrevues, dont la plupart des interviewés étaient des développeurs de jeu vidéo. Par les données recueillies, Pineault espère répondre aux questions suivantes : « comment les développeurs de jeux conçoivent-ils leur travail et donc le jeu vidéo lui-même dans un contexte culturel local? »
Parmi les observations faites par Pineault, nous avons surtout remarqué les aspects négatifs du travail en tant que développeur de jeux vidéo. En effet, travailler dans l’univers vidéoludique est exigeant, le temps consacré au projet pouvant par exemple nuire à la conciliation travail/vie de famille. Côté reconnaissance, le crédit est souvent donné à la personne responsable d’une équipe. Cette personne, souvent expérimentée, devient de plus en plus sollicitée par d’autres studios, et peut songer à quitter le studio aussitôt un projet de jeu terminé. En résumé, il est difficile de créer un sentiment d’appartenance par rapport à la compagnie.
Souvent consommateurs de jeux vidéo, les développeurs se trouvent partagés entre leur besoin de créativité et les impératifs commerciaux dans la pratique de leur travail. Cela ne signifie pas que l’industrie n’est pas créative, mais plutôt qu’elle impose des conditions jugées trop contraignantes, voire arbitraires aux yeux des développeurs. Alors que le marché du jeu vidéo se diversifie, les studios, notamment ceux créateurs de jeu de type triple A, doivent s’adapter avant que la création d’un tel jeu ne devienne ingérable.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/11652