Au terme du 3e Festival de BD de Montréal, il n’y a pas de doute : la bande dessinée québécoise a le vent dans les voiles, comme le témoigne si bien ce tweet de La Horde Geek.
De belles découvertes au @FBDM_MTL ! pic.twitter.com/p2mDsd9Ti9
— La Horde Geek (@LaHordeGeek) 31 Mai 2014
Bien qu’il soit difficile d’obtenir les chiffres exacts des ventes de bandes dessinées dans le marché québécois (Source), nous savons que le 6e tome des Nombrils fait partie des bandes dessinées les plus vendues en 2013, derrière Astérix chez les Pictes (Source). La Libraire Monet a également dressé un palmarès de ses ventes BD, plus complet, classé selon le public ou la nationalité des auteurs.
Qu’en est-il de ceux qui choisissent la bande dessinée québécoise en tant que sujet de recherche ? En entrevue avec ActuaBD, Michel Viau, historien de la bande dessinée québécoise, réfléchit sur la relève en histoire et théorie de la bande dessinée au Québec :
Ce serait bien qu’il y ait davantage de cours théoriques. Je sais qu’il y a plus de journalistes qui s’intéressent au sujet. Mais des chercheurs ? Oui, je crois qu’il y en a quelques-uns. Il n’y a pas beaucoup encore d’ouvrages sur le sujet. Mira Falardeau en a écrit plusieurs. J’en ai écrit quelques-uns. Mais sinon, on trouve parfois quelques articles dans les revues. C’est le cas de TRIP, en Outaouais, qui publie quelques articles de chercheurs. Mais il n’y a pas beaucoup d’ouvrages diversifiés. Je vous dirais que ce que j’ai fait, le BDQ, le livre d’histoire, c’est comme une première pierre. C’est simplement de dire aux gens : « voici ce qu’il y avait ». J’espère que ça va permettre à d’autres chercheurs de prendre ces informations et d’aller plus loin, de dire : « on sait désormais ce qui existe, analysons-le », ce que je n’ai pas voulu faire. Je n’ai pas fait d’analyse. J’ai simplement présenté ce qu’il y avait à telle ou telle période. Maintenant, c’est à d’autres d’aller plus loin. (Source)
Cette relève, aussi petite soit-elle, existe. La 2e édition du Colloque de Recherche en Arts Séquentiels, qui avait lieu le 25 mai dernier, offrait une occasion à neuf conférenciers d’aborder le style, l’emprunt ou la collaboration dans la bande dessinée, qu’elle soit québécoise ou non. Parmi ces conférenciers, nous retrouvons Jean-Michel Berthiaume, qui a déposé en 2012 son mémoire de maîtrise intitulé « Concaténation en continu : manifestations de la métafiction en bande dessinée ». En introduction, Berthiaume rappelle que l’analyse académique de la bande dessinée connaît une hausse de popularité :
La parution de thèses de doctorat tel le « Le métacomic : la réflexivité dans le comic book de superhéros contemporain » par Camille Baurin de l’Université de Poitiers ouvre les perspectives à de nouvelles analyses de corpus en plus de souligner la nécessité d’un langage précis. De plus, les chercheurs dans le domaine de la bande dessinée ont aussi développé un intérêt pour Grant Morrison au cours de la dernière année avec la création de colloques […] qui sont venus décloisonner la théorie de la bande dessinée pour parler d’objets variés et uniques. Au cours des dernières années, le Québec s’est inscrit dans cette mouvance internationale qui valorise et encourage la recherche savante en bande dessinée par un nombre croissant de colloques, de mémoires et de thèses portant sur le neuvième art. (Berthiaume, 2012, p. 7)
Pour résumer, les études académiques sur la bande dessinée, tout comme l’intérêt pour la bande dessinée québécoise, sont en pleine expansion. Or, pour que cette croissance puisse être assurée, les auteurs doivent vivre de leur art, ce qui est de moins en moins le cas en France selon les observations de Raymond Poirier. (Source) Quant aux auteurs québécois, c’est davantage la relève qui connaît des difficultés selon un mémoire écrit par Front Froid en 2009. (Source)
En conclusion, la prochaine fois que vous consultez un blogue BD, surtout s’il s’agit d’un auteur méconnu, n’oubliez pas de manifester votre intérêt, ne serait-ce qu’un « J’aime ».