« Le 12 août, j’achète un livre québécois ». Avez-vous vu cette phrase sur les réseaux sociaux récemment ? Il s’agit d’une initiative de l’auteur Patrice Cazeault, qui a créé un événement affiché sur Facebook. Récemment, il a accordé une entrevue à RDI. Mais pourquoi acheter un livre québécois ?
Selon Jean-Paul Baillargeon, sans intervention gouvernementale, l’industrie du livre au Québec devient fragilisée.
Non seulement notre démographie (environ 7,5 millions d’habitants) ne permet pas à une industrie québécoise du livre de survivre par la seule force du marché, mais cette industrie est aussi en concurrence, sur son propre territoire, avec des livres venus d’ailleurs, en particulier de la France. (Baillargeon, 2012, p. 47)
Depuis plusieurs années, on raconte que l’industrie du livre est en crise au Québec. Jean-François Caron a interviewé différents acteurs du milieu, qu’ils soient éditeurs, écrivains ou libraires. Son article se retrouve dans la revue Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire. Nous avons repéré un extrait intriguant :
Éric Simard [responsable des commuications chez Septentrion] note un étrange phénomène qu’il aurait remarqué lors des salons du livre au cours des trois dernières années: «D’année en année, j’ai vu la curiosité du lectorat diminuer, surtout dans les salons régionaux. Les gens sont simplement moins curieux… Qu’est-ce qui se passe?» S’il n’a pas de réponse toute faite, il estime entre autres que les salons tardent à se réinventer. Surtout, il pense que ces événements se trompent de cible: «Les gens ne viennent plus pour le livre, ils font une sortie. C’est ça, le “grand public” qu’on a voulu attirer. Et à force de vouloir attirer ce grand public-là, les bons lecteurs et les intellectuels ont déserté les salons. On ne s’adresse plus à eux. Je trouve ça terrible.» (Caron, 2014, p. 17)
Qu’est-ce le grand public ? D’après un sondage Senergis – Le Devoir mené auprès de 1000 personnes en 2010, 40 % des personnes interrogées ont lu sept livres ou plus au cours des 12 derniers mois alors que 34 % n’ont pas ouvert un livre au cours de l’année.
Le sondage souligne par ailleurs que 46 % des livres parcourus par les Québécois n’étaient ni des romans ni des essais. Un gros bassin de lecteur ne se passionne donc pas pour la littérature et jette plutôt son dévolu sur les livres pratiques, les guides et les albums. (Source)
Par quel procédé s’intéressons-nous au roman québécois ? Plus tôt, en 2006, Max Roy a publié « L’imaginaire du lecteur de romans québécois », qui se penche entre autre sur les attentes des lecteurs québécois :
Nos enquêtes récentes auprès de lecteurs québécois révèlent un intérêt mitigé pour la littérature québécoise. En fait, la plupart des répondants se disent indifférents à la provenance des œuvres, qui sont plutôt choisies en fonction de leurs contenus ou de leur appartenance à des genres spécialisés (romance, suspense, récit de vie, etc.). Lorsqu’il s’agit de la littérature québécoise, fait presque consensus le manque d’intérêt pour le Terroir et ses représentants. En revanche, l’emballement de jeunes adultes pour des publications récentes de Ying Chen, de Guillaume Vigneault et de Nelly Arcand semble confirmer l’influence des médias – qui leur ont accordé de l’importance – et celle de l’enseignement collégial où ces œuvres ont été parfois mises à l’étude. (Roy, 2006, p. 17-18)
En guise de conclusion, voici un chiffre intéressant : selon l’Institut de la statistique du Québec, plus de 6 500 livres québécois ont été imprimés par les éditeurs en 2011 (Source). Que vous soyez intéressé par les romans ou autre genre littéraire, vous pouvez trouver un livre québécois qui vous conviendrait selon vos goûts. N’hésitez pas à consulter la page de l’événement « Le 12 août, j’achète un livre québécois » pour trouver quelques suggestions de lecture.