Nous sommes fans… de télévision québécoise

Septembre étant enfin arrivé, les Québécois pourront se consacrer à l’un de ses loisirs préférés : la télévision. En effet, selon le centre d’études sur les médias de l’Université Laval, les Québécois consacraient 34 heures par semaine en 2013. Du côté des Québécois francophones, ceux-ci accordent 92,9 % de ce temps sur les réseaux de langue français. (Source) En ce temps de rentrée télévisuelle, nous vous proposons un bref coup d’œil sur les études portant sur les différents types d’audience.

En 2001, Serge Proulx et Danielle Bélanger publiaient l’article « La représentation des communautés immigrantes à la télévision francophone du Québec. Une opportunité stratégique », qui fait état de leur recherche effectuée auprès des communautés immigrantes de la région de Montréal en 1995-1996. En 1997, le Centre St-Pierre et Arts/Transculturels a organisé une réunion publique pour discuter de cette thématique. L’extrait suivant illustre bien les différentes perceptions selon l’origine ethnique :

Un indice se révèle important à cet égard : au moment de l’enquête, un téléroman québécois populaire [Les Héritiers Duval] mettait en scène des personnages créoles et arabophones. Dans les groupes de discussion, tous les francophones avaient mentionné cette émission comme un exemple d’intégration réussie des communautés immigrantes. Par contre, aucun membre des groupes immigrants n’avait même fait allusion à cette émission alors qu’il semble impossible que personne n’en ait eu connaissance ! Lors de la rencontre au Centre St-Pierre, certains témoignages sont venus éclairer cette apparente anomalie et l’auteur de ce téléroman, présent à la réunion, a constaté que les stéréotypes peuvent revêtir des formes pernicieuses inconscientes malgré la manifestation de « bonnes intentions » de la part des auteurs. Par exemple, un éducateur d’origine haïtienne est venu lui dire que certains des personnages qu’il met en scène – des membres de gangs de rue orientés vers la défense de la cause noire – nuisent considérablement aux efforts pour aider les jeunes Noirs à s’intégrer « normalement » à la société québécoise. De plus, ajouta le professeur : « Si votre jeune héros québécois de bonne famille n’avait pas été délinquant, aurait-il jamais fréquenté une Noire ? » (Proulx et Bélanger, 2001, p. 15-16)

D’autres études se concentrent davantage sur l’impact plutôt que la perception ou la représentation. C’est le cas de celle menée par Monique Caron-Bouchard, Lise Renaud, Colette Noiseaux et Sylvie Beaulieu. En 2009, elles ont interviewé 64 jeunes de la 6e année du primaire concernant l’impact de l’émission Tactik sur l’activité physique :

Tactik est perçue comme une émission qui transmet, par le biais du sport, certaines valeurs morales et humaines (la loyauté, l’amitié, la persévérance, la solidarité humaine, la confiance en soi, le respect de l’autorité, l’esprit d’équipe, la gentillesse, etc.). La scène sportive est présentée comme « une petite école de la vie en société » et comme une extension de la cellule familiale. On y retrouve en effet la vaste panoplie des relations interpersonnelles et on y expérimente diverses situations et problématiques. Le sport mettrait aussi en lumière les vraies forces et limites personnelles et obligerait chacun à se montrer sous son vrai jour, sans artifices. (Caron-Bouchard, Renaud, Noiseaux et Beaulieu, 2010, p. 376)

Enfin, il arrive que certaines études révèlent des données insoupçonnées, comme l’a fait Mélina Leblanc-Roy dans son mémoire « Les trajets parallèles du téléroman jeunesse québécois et de son public d’origine », qui se concentre principalement sur le téléroman jeunesse Watatatow (1991-2005) :

[…] si Watatatow a connu un succès sans précédent auprès des adolescents des années 1990, il a en plus maintenu sa cote de popularité auprès de ceux-ci en vieillissant. Pendant les dernières années de la série, quelques dix ans après ses débuts, on a en effet observé que l’auditoire de Watatatow était composé de beaucoup plus d’adultes que d’adolescents. Plus intéressant encore, le téléroman faisait toujours partie du quotidien de nombreux jeunes adultes de dix-huit à vingt-cinq ans qui avaient d’abord découvert et pris goût à l’émission pendant leur adolescence. (Leblanc-Roy, 2009, p. 7)

Pour en savoir plus sur la télévision québécoise, particulièrement ses séries et ses téléromans, nous vous invitons à explorer le site QuiJoueQui, qui répertorie les comédiens, les auteurs ainsi que les réalisateurs ayant contribués à ces productions télévisuelles. Bonne exploration !