[Cet article a été publié originellement le 31 janvier 2015 sur Syndromemag.]
Tout internaute risque de tomber par hasard sur un spoiler, surtout s’il effectue une recherche intensive sur son film ou son jeu vidéo dont il attend impatiemment sa sortie. Ce risque augmente si votre entourage a les mêmes intérêts que vous. Le sujet de notre semaine, tiré d’un article du journal Participations, publié en novembre 2014, a pour base le spoiler défini comme un élément pouvant court-circuiter une expérience de divertissement. L’article en question se concentre entre autres sur un spoiler de l’épisode final de la troisième saison de Lost, un spoiler qui ne sera pas révélé dans cet article, au cas où.
À propos des auteures
Kristen Drotner est professeure en étude des médias à l’Université du Danemark du Sud. Ses champs d’intérêt sont l’étude des publics, les médias, la littéracie et la créativité numérique. Parmi ses récentes publications, on retrouve un article sur la littéracie dans l’étude des médias et celle en éducation ainsi qu’un article sur la littéracie tenant compte des minorités ethniques.
Ödül A. Gürsimsek est étudiante au doctorat en étude des médias à l’Université du Danemark du Sud. Après des études en dessin industriel, elle s’est intéressée à la culture numérique. Sa recherche de doctorat se penche sur les téléspectateurs, la création de contenu numérique ainsi que la narration transmédia.
À propos du sujet
La série télévisée Lost, qui s’étend de 2004 à 2010, est considérée comme une série culte. Considérant cette popularité, les producteurs souhaitaient contrôler la circulation d’information sur la série. Pour cela, ils ont sélectionné trois journalistes, qui avaient chacun leur blogue contenant des spoilers de Lost : Kristin Veitch (E! Online), Jeff Jensen (Entertainment Weekly) et Michael Ausiello (TV Guide). Cependant, les fans trouvaient les informations répétitives et se tournaient vers d’autres sites, incluant DarkUFO, un blogue analysée par Drotner et Gürsimsek dans le cadre de leur recherche.
Deux semaines avant la finale de la saison trios, les fans avaient accès à son synopsis sur un forum nommé Ain’t It Cool News. Plus de détails furent par la suite disponibles sur le blogue DarkUFO, qui considère ces informations comme étant véridiques, même s’il se pourrait qu’il s’agisse de faux spoilers (foilers) créées par les producteurs. Lorsque ces spoilers se sont finalement avérés vrais, certains fans ont accusé la personne responsable de cette fuite, craignant qu’il ne soit dorénavant plus possible d’avoir accès à des futurs spoilers en raison de la réaction des producteurs.
À propos de la recherche
La recherche menée par Drotner et Gürsimsek se concentre sur deux volets. Le premier volet est la négociation sur le contrôle de l’information. En effet, les commentateurs du blogue DarkUFO ne font pas seulement que débattre du contenu dans Lost ou du contenu des spoilers, ils négocient aussi le pouvoir des structures existant entre les producteurs, les blogueurs et le public. Les producteurs et les consommateurs n’occupent plus de rôles séparés, mais deviennent plutôt des participants qui interagissent entre eux.
Le deuxième volet, quant à lui, se penche sur les discussions sur la légitimité des sources d’information. Lorsque les lecteurs du blogue DarkUFO se sont questionnés sur les spoilers de la finale de la saison 3 et commençaient à questionner ce qui peut et ne peut pas être cru, ils ont aussi commencé à débattre la validité des déclarations des producteurs. D’autres commentateurs ont également questionné les liens de confiance entre les producteurs et les amateurs de spoilers en incitant sur le besoin de solutions de rechange au blogue de DarkUFO. Néanmoins, cette recherche permet de constater comment les internautes peuvent suivre et obtenir une certaine idée de la dynamique interne de l’industrie du divertissement, y compris les délais de production et de post-production d’épisodes avant leur diffusion et les contrats et les négociations effectuées entre les diffuseurs, les producteurs et les acteurs.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://www.participations.org/Volume%2011/Issue%202/3.pdf