[Cet article a été publié originellement le 28 février 2015 sur Syndromemag.]
Qui a dit qu’on ne pouvait pas apprendre en s’inspirant de la culture populaire ? À partir d’un épisode de la série télévisée The Walking Dead, notre chercheur de la semaine l’a analysé d’un point de vue pédagogique et en ressort des apprentissages pouvant être bénéfiques à de jeunes élèves. Son étude se trouve dans Dialogue : The Interdisciplinary Journal of Popular Culture and Pedagogy.
À propos de l’auteur
Anthony Neely est étudiant au doctorat au département d’apprentissage et d’enseignement interdisciplinaires à l’université du Texas à San Antonio. Ses recherches explorent la jeunesse et la culture populaire en tant qu’outils éducatifs ainsi que les relations enseignant/élèves. Ses plus récentes publications incluent l’utilisation des Hungers Games pour enseigner les principes de Paolo Freire ainsi que l’exploration de la culture Juggalo.
À propos du sujet
Adaptée d’une bande dessinée, la série télévisée The Walking Dead dépeint une Amérique post-apocalyptique dans laquelle les gens tentent de survivre à une infestation de zombies. Dans ce monde, la possession d’une arme à feu augmente à la fois ses chances de survie ainsi que son statut social. Sur la ferme dans laquelle des survivants ont trouvé refuge, seules les personnes ayant suivi une formation adéquate peuvent porter une arme à feu. L’épisode 6 de la saison 2 retrace l’apprentissage d’Andrea, avocate dans son ancienne vie, qui espère regagner l’utilisation de son revolver pour ne pas être confinée aux tâches ménagères de la communauté.
À propos de la recherche
En se basant sur le travail de Patricia A. Alexander, de Diane L. Schallert et de Ralph E. Reynolds ainsi que sur celui de Jean Lave et d’Etienne Wenger, Neely analyse cinq dimensions de l’apprentissage d’Andrea : le qui de l’apprentissage, le quoi de l’apprentissage, le où de l’apprentissage, le quand de l’apprentissage ainsi que le comment de l’apprentissage. Dans le cadre de cet article, nous allons nous concentrer principalement sur le comment de l’apprentissage.
L’apprentissage d’Andrea se déroule en quatre étapes : en petit groupe, en enseignement privé, en action coopérative et en action soutenue. Dans la première étape, Andrea parvient à se distinguer des autres participants lors de tirs de pratique sur des bouteilles, une étape considérée sans stress et sans risque. Elle reçoit par la suite un entraînement privé de la part de Shane, shérif dans son ancienne vie. Cette fois-ci, Andrea éprouve de la difficulté à tirer sur des cibles mouvantes, même si celles-ci sont sans danger. Cette frustration, mêlée à l’attitude de Shane, augmente le niveau de stress, obligeant Andrea à abandonner le cours.
La troisième étape, soit l’action coopérative, débute lorsque Shane demande l’aide d’Andrea pour trouver un enfant disparu. C’est pendant cette mission que le duo se fait attaquer par des rôdeurs (Walkers) et doit coopérer pour survivre. Bien que cette étape soit très stressante, le risque couru par Andrea est faible grâce à l’expérience de Shane. Cependant, lorsque le revolver d’Andrea s’enraye, Shane devient un observant, laissant Andrea se sortir seule de ce pétrin. Cette dernière étape, l’action soutenue, possède un taux élevé de stress et de risque, mais est finalement accomplie par Andrea, qui parvient à débloquer son arme avant d’éliminer quelques rôdeurs.
Selon Neely, il peut être bénéfique pour un élève de recevoir un apprentissage à taux élevé de stress et de risque. Bien entendu, il ne s’agit pas de laisser un élève se débrouiller seul avec des zombies, mais cet élève peut être motivé s’il s’entend avec son enseignant sur les conséquences liées à une tâche non accomplie. Par exemple, s’il aspire à devenir poète, il peut soumettre un nouveau poème à son enseignant à tous les jours. Cependant, s’il n’a rien écrit, il doit passer sa récréation à écrire. En conclusion, The Walking Dead, une série télévisée dans laquelle l’éducation formelle est absente, fournit un exemple d’apprentissage pouvant inspirer les jeunes d’aujourd’hui.
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://journaldialogue.org/wp-content/uploads/2015/02/A-Neely.pdf