[Cet article a été publié originellement le 25 avril 2015 sur Syndromemag.]
Cette semaine, nous nous intéressons à une réflexion sur le contenu d’une série plutôt qu’à ses fans. En effet, il s’agit d’un point de vue féministe sur la série télévisée Buffy the Vampire Slayer, qui a été publié l’an passé dans Postures, la revue du Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Cette revue, qui publie deux numéros par année, a consacré une de ses publications à la thématique « Violence et culture populaire ».
À propos de l’auteure
Marie-Ève Tremblay-Cléroux poursuit présentement une maîtrise en études littéraires à l’UQAM. Elle a participé à la direction du collectif Les frontières de l’humain et le posthumain, qui explore les représentations de l’humain et ses avatars dans la littérature et le cinéma. En plus de son article sur Buffy the Vampire Slayer, elle a offert une réflexion sur les frontières sociales et politiques dans le roman Les lisières.
À propos du sujet
Buffy the Vampire Slayer est une série télévisée ayant duré sept saisons (1997-2003), mais dont l’histoire se poursuit maintenant sous la forme de comics. Nous suivons les aventures de Buffy Summers, une Tueuse de vampires, qui peut compter sur l’aide de son Observateur et de son groupe d’amis, surnommé le Scoobie-Gang. L’impact de cette série sur la culture populaire a inspiré plusieurs études universitaires, formant un domaine connu sous le nom de Buffy studies.
À propos de la recherche
Pour son article, Tremblay-Cléroux propose une analyse selon laquelle l’univers de Buffy est le reflet violent d’une société inégalitaire, sexiste et patriarcale. À cette fin, elle se concentre autour de trois thèmes principaux : la lutte de Buffy pour la réappropriation de son corps, la maîtrise des savoirs de son univers et le contrôle de ses pouvoirs.
Par son statut de Tueuse, Buffy devient un appât pour attirer les monstres. Le fait qu’elle doit exercer sa mission souvent tard le soir nous ramène au thème de la peur du viol et de l’importance de « se réapproprier la nuit » pour les femmes. Cette lutte de l’émancipation se retrouve également face à celle contre le Conseil des observateurs, qui détient l’ensemble des connaissances liées au travail des Tueuses, exerçant un pouvoir symbolique sur celles-ci. Contrairement au Conseil, qui incarne un pouvoir masculin et hiérarchique, celui de Buffy promeut une horizontalité dans la prise de décision ainsi qu’une éthique féministe.
En résumé, au fil des saisons, Buffy gagne graduellement en autonomie et en contrôle, qu’il s’agisse de son corps, de ses savoirs ou de ses pouvoirs. Contrairement à la figure du superhéros classique, elle partage sa puissance avec ses alliés, détruisant les structures patriarcales sur leur passage. Selon Tremblay-Cléroux, la série invite à une réflexion sur diverses questions morales, « par la révolte, l’opposition féroce des personnages devant les injustices sociales et le nécessaire usage de la violence dans une visée émancipatrice. »
Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez la consulter à l’adresse suivante : http://revuepostures.com/fr/articles/tremblay-cleroux-19