En ces temps de confinement, nombreux sont les colloques ayant dû être annulés. Mais cela n’a pas empêché Elaine Després et Sarah Grenier-Millette d’organiser un speed-colloque virtuel, qui a eu lieu le 29 avril dernier. Intitulé « Contagion & Confinement », ce speed-colloque a rassemblé des chercheurs et chercheuses de différentes disciplines, autant d’Europe que d’Amérique.
Et parce que la culture populaire a pu être abordée à plusieurs reprises, je vous présente un résumé des présentations qui m’ont le plus marquée.
« Vivre la crise au quotidien: l’expérience pandémique » de Bertrand Gervais
Lors de sa communication, Gervais est parti de son expérience personnelle de la pandémie avec le visionnement du film The Andromeda Strain. Sorti en 1971, ce film de science-fiction raconte comment un groupe de scientifiques tente d’empêcher un virus extraterrestre de se propager à travers le monde. Un rapprochement intéressant avec la situation actuelle, alors que le coronavirus se transmet par l’air.
Par la suite, Gervais raconte comment la pandémie nous fait vivre une crise au quotidien, en comparant le kronos (le temps qui passe) au kairos (le temps de la crise). Puis, il dénonce le vocabulaire guerrier adopté par les gouvernements, qui « font la guerre au virus », un constat également partagé par le journaliste Ramón Lobo.
« Vers une interprétance punk de la contagion » de Yan St-Onge
Dans sa communication, St-Onge nous présente une réactualisation de la chanson « Just the Flu », du groupe punk NOFX, reprise par le leader du groupe, Fat Mike, pendant le confinement. Contrairement à la version originale, parue sur l’album Ribbed en 1991, la version 2020 est acoustique. De plus, le vidéoclip qui y est présenté joue davantage sur la nostalgie ainsi que sur la solitude du chanteur.
Ensuite, St-Onge nous explique comment le punk peut également être une forme de contagion.
« Mythologies du coronavirus » d’Antonio Dominguez Leiva
Dans cette présentation, Dominguez Leiva démontre comment le coronavirus s’est déjà transformé en mythe contemporain, notamment sous forme de mèmes. En effet, par son étymologie (corona = couronne), il nous ramène à l’image de la mort couronnée de l’art macabre. Cependant, dans le contexte actuel, il existe un conflit entre le potentiel macabre du coronavirus et le « tabou sur la mort » contemporain. Les mèmes sont plutôt utilisés pour relativiser l’angoisse par l’humour, comme ces mèmes sur la bière Corona ou ceux sur les porteurs de cercueil du Ghana.
Le virtuel, le remède au confinement?
En guise de conclusion, je tiens à souligner les efforts des organisatrices pour la tenue de cet événement. Malgré les quelques soucis techniques (ainsi que les aléas de la vie), j’ai constaté que tout s’est bien déroulé. Il faut reconnaître que la gestion d’une quinzaine d’intervenants n’est pas évidente, surtout si certains d’entre eux ne sont pas familiers avec les fonctionnalités de Zoom (le logiciel utilisé pour le speed-colloque).
Cependant, il y a un potentiel à explorer un outil de ce genre dans un contexte académique. Il permet entre autres le partage des connaissances pour ceux qui n’ont pas les moyens ou le temps de se déplacer vers un colloque international. De plus, il pourrait devenir une solution à la réduction des gaz à effet de serre, comme le démontre cet article écrit en 2009, soit il y a plus de dix ans! Avec l’évolution des technologies, il est possible de se tourner vers le virtuel pour la création de colloques, autant pendant le confinement qu’après.
(Mise à jour du 25 mai 2020 : Il est maintenant possible d’écouter les archives vidéo de cette journée en vous rendant sur le site web de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain)