Le colloque Pop 2018: Genres, recyclage, franchises, fans se veut comme la suite du colloque POP-EN-STOCK 2016. Il avait lieu le 6 juin à l’Université du Québec à Montréal, puis le 7 et 8 juin au Théâtre Sainte-Catherine. Organisé par Pop-en-stock et Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, ce colloque était « l’évènement de clôture de la programmation 2017-2018 du projet Rêves en boucles, recyclage en série. Réflexivité, réitération et reprise dans la fiction populaire contemporaine ». Pour la première fois, j’ai pu assister à la quasi totalité des panels (en ligne) et je vais faire mon possible pour vous les résumer en quelques mots.
Conférence d’ouverture de Denis Mellier
Cette conférence, que j’ai malheureusement ratée, avait pour sujet la « portée critique des figures réflexives dans un contexte où les objets pops sont toujours réflexifs » (Source). Pour reprendre ses propos, les « caractéristiques esthétiques contemporaines échouent à saisir le présent. Mais est-ce-que ces caractéristiques sonts-elles la meilleure façon de décrire notre époque? » (Source).
Maxime Thiry. Dynamiques de la reconnais-sens dans l’anthologie télévisuelle : le cas d’American Horror Story
Dans sa forme narrative, l’anthologie télévisuelle n’est pas une série ou un feuilleton. Thiry voit davantage l’anthologie comme un recueil de nouvelles. Dans sa communication sur American Horror Story, il se demande s’il existe un univers partagé entre les différentes histoires (ou « volets ») de cette anthologie. Cela se complique lorsque les téléspectateurs doivent s’adapter aux nouveaux rôles des acteurs des volets précédents.
Emmanuelle Leduc. True Crime, phallus et conspiration : de la pratique du mockumentary dans la série American Vandal
D’abord sous forme littéraire, le True Crime se déploie sous forme télévisuelle à partir des années 1980. Avant concentré sur les crimes résolus, le True Crime se tourne ensuite vers les crimes non résolus et les erreurs judiciaires (ex. : Serial, Making a Murderer…). Lancé sur Netflix en 2017, American Vandal se distingue de ses prédécesseurs : il n’est pas un True Crime, mais une fiction qui en reprend les codes.
Émile Bordeleau-Pitre. Si dans le premier acte un fusil est accroché au mur, c’est que personne ne tirera : l’anti-série policière Search Party à l’assaut des signes
À première vue, Search Party correspond aux codes de la série policière et du genre policier. Alors que l’archétype du détective correspond au lecteur paranoïaque d’indices, le personnage principal de cette série, Dory, également aperçue comme une lectrice paranoïaque, est maladroit dans son interprétation des indices. Habituellement, dans le genre policier, quelque chose de banal se révèle comme extraordinaire et révélateur d’une réalité cachée. Or, dans la série, il n’en est rien.
Laurence Perron. De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts culinaires : portrait du tueur en cannibale et copiste.
Sérialité et tueur en série font bon ménage dans cette communication. Le personnage d’Hannibal Lecter, repris par différents auteurs et médias, n’est pas seulement un tueur en série, mais aussi un cannibale et un copiste. On y fait des rapprochements entre création et consommation. L’assassinat est également vu comme un acte de création.
Louis-Paul Willis. « Songs don’t lie » : Stranger Things et la musique comme vecteur de la rétromanie télévisuelle
Ou l’utilisation de la nostalgie comme vecteur narratif. En effet, les objets de Stranger Things, directement sorti des années 1980, menacent d’éclipser les acteurs de la série. Inspiré par ses lectures et recherches, Willis présente deux types de nostalgie : la nostalgie réflexive et la nostalgie restaurative. La nostalgie réflexive correspond à la mémoire individuelle et culturelle, donc à la rétromanie.
Philippe St-Germain. Pour une philosophie de série B : reprises cryptées et autres histoires fantastiques
La culture populaire a longtemps été reprochée de ne pas être sérieuse et la philosophie, de ne pas rejoindre un vaste public. Cependant, il y a eu un regain de la fiction chez certains philosophes, dont Pierre Cassou-Noguès. Dans cette communication, le cas Swampman est présenté. Imaginé par Donald Davidson, ce cas rappelle également Swamp Thing, un personnage de DC Comics.
Frédéric Gai. The X-Files : l’histoire sans fin
En direct de Skype, Gai présentait la franchise X-Files, qui s’est entre autres démarquée par sa longévité (11 saisons et 2 films). Elle est également considérée comme une série télévisée pionnière au niveau de la narrativité. À l’époque de sa première diffusion, les délais entre chaque épisode demeuraient importants pour l’élaboration des théories par les fans. Enfin, elle se démarque par les retournements des codes du récit mythologique, mais aussi l’entretien du doute de la relation entre Mulder et Scully.
Sylvain Lavallée. La protestation cyborg : la femme inconnue dans la science-fiction
Et si le personnage de Scarlett Johansson dans The Nanny Diaries était une cyborg? Prenant exemple sur Under the Skin et Ghost in the Shell (d’autres films où joue Johansson), Lavallée démontre comment l’utilisation de la figure du cyborg dans la culture populaire devient une manière de repenser le corps. En effet, devenir un cyborg devient une manière d’échapper au regard masculin imposant, ou de transcender l’être humain par sa performance.
Jean-Michel Berthiaume. Action Comics #1000: 80 ans de Superman
Superman est le titre le plus convoité du comic book américain. En effet, aucun personnage n’aura été retravaillé de manière active que Superman. Cependant, la réussite d’une reprise réside dans la touche d’originalité qui survivra au temps : les bonnes idées restent, mais les mauvaises disparaissent. Dans sa communication, Berthiaume analyse les numéros anniversaires d’Action Comics, du #100 jusqu’au #1000. Au fil de ces numéros spéciaux, Superman devient une idée, un idéal à atteindre, une force incalculable, au point de rester à jamais gravé dans nos mémoires.
Hugo Montembeault. Séries de jouabilité et Design de jeu : Répercussions, recyclage et remodelage de la pratique du «Rocket Jumping» dans l’histoire du FPS… et plus loin encore
Le « Rocket Jumping » est une pratique qui consiste à utiliser une fusée pour se propulser et ainsi atteindre des plateformes inaccessibles ou avancer plus vite dans un jeu vidéo. Apparaissant dans des jeux tels que Quake et Marathon dans les années 1990, cette pratique sera cependant popularisée par la communauté du speedrunning. Selon Montembeault, ce sont les fans qui ont approprié et popularisé cette pratique et non les programmeurs de jeux vidéo.
Stéphanie Roussel. To write about famous people since nobody cares when I write about myself
La fanfiction et l’autofiction se mélangent dans cette communication par cette analyse d’une partie de l’œuvre de Zéa Beaulieu-April. Roussel s’intéresse entre à Daniel Canty, un zine rédigé par Beaulieu-April et consacré à cet écrivain, mais aussi à une fiction dans laquelle l’auteure s’intègre dans l’univers de BoJack Horseman.
Megan Bédard. Spoilers! L’expérience lectorale à l’intersection des enjeux identitaires aca-fans
Une situation qui arrive parfois dans un colloque universitaire : des personnes qui quittent les communications en cours pour ne pas se faire spoiler (ou « divulgâcher ») une œuvre qu’elles n’ont pas encore vue/lue/entendu. Cette crainte d’être spoilé arrive également lors de la lecture d’un article sur la culture populaire. Dans sa communication, Bédard rappelle que le spoiler est dans l’œil de celui qui le regarde et qu’un spoiler peut ne pas en être un pour une autre personne.
Conférence d’honneur de Matt Hills sur les communautés de fans
Dans cette conférence vidéo enregistrée, Hills aborde les fandoms toxiques et les dangers du « fan service ». En effet, les fandoms ont évolué et se sont diversifiés en multifandoms, c’est-à-dire des versions et des expériences différentes expérimentées au sein d’un même fandom (ex. : sous-cultures, consommation individuelle, etc.). S’il existe des dérives au sein des fandoms (avec la fameuse phrase « Fandom is broken »), il indique une vision nuancée du scénariste et réalisateur Rian Johnson, qui rappelle que ces dérives proviennent avant tout d’une minorité de fans.
Et vous, quel sujet vous avez le plus apprécié? Faites-le savoir dans les commentaires!
Un commentaire sur “Colloque Pop 2018 : quelques faits saillants”
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