La journée d’étude « Imaginaire de la menace », organisée par le comité étudiant Figura de l’Université de Montréal, devait avoir lieu à l’hiver dernier. Cependant, en raison de la pandémie de coronavirus, l’événement fut reporté le 18 septembre 2020. Sa première partie, un speed colloque, s’est déroulée sur Zoom en avant-midi. Quant à la deuxième partie, qui est une table ronde intitulée « Femmes et menaces », elle avait lieu sur YouTube en fin de journée.
Au cours du speed colloque, certaines communications ont attiré mon attention. J’aurais pu vous parler de la construction de la menace dans les médias ou encore de l’homosexualité en tant que menace pour la société du XIXe siècle. Au lieu de cela, j’ai préféré résumer les communications suivantes.
« Après le virus, l’Homme : survivre aux menaces dystopiques dans Station Eleven d’Emily St. John Mandel » de Marie Leduc
Dans cette communication, Leduc propose une analyse des menaces survenant dans Station Eleven, roman qui a connu un regain d’intérêt pendant la pandémie de coronavirus. Car il ne s’agit pas seulement de la menace de la grippe géorgienne dont il est question, mais de l’effondrement de la société après la pandémie ainsi que de la menace représentée par les autres personnes. Toutefois, l’art permet aux protagonistes de vivre plutôt que de survivre.
« “Expurger la littérature de son être” : les dangers de la fiction dans L’annexe de Catherine Mavrikakis et La clé USB de Jean-Philippe Toussaint » de Rachel LaRoche
LaRoche s’intéresse aux détournements du récit d’espionnage ou du roman noir dans ces deux œuvres. Parmi leurs points communs, ces dernières possèdent des personnages principaux qui s’autosabotent dans leur enquête alors qu’ils tentent de déchiffrer les indices là où il n’y en a pas. Ils croient également la présence d’une menace imminente qui, toutefois, ne se réalise jamais.
« Péril écologique et génocide autochtone : convergence d’un imaginaire de la menace » d’Iris Delhoum
Dans sa présentation, Delhoum se penche sur la série de bande dessinée Buddy Longway, écrite et dessinée par Derib et qui raconte la vie d’un trappeur blanc dans le Far West de la seconde moitié du XIXe siècle. Alors qu’une idéalisation du mode de vie autochtone transparaît dans cette œuvre, Delhoum croit plutôt que celle-ci ouvre la porte à une relecture écocritique.
« Le problème de l’éternel retour de la fin du monde ou comment Watchmen nous apprend que “rien ne finit jamais” » d’André-Philippe Lapointe
Face à la fin du monde, « rien ne finit jamais », comme l’indique le Dr Manhattan dans le comic book Watchmen. Avec sa communication, Lapointe fait des liens entre le roman graphique et sa suite, diffusée sous forme de série télévisée en 2019. En effet, dans les deux cas, une menace latente se dévoile, justifiant alors un imaginaire de la fin.
« Darth Vader dans Rogue One, incarnation des imaginaires de la menace dans le cinéma d’horreur » de Régis-Pierre Fieu
Selon Fieu, la présence de Darth Vader à la fin du film Rogue One représente une synthèse des monstres au cinéma. Que ce soit Frankenstein, Dracula, Jason ou le Terminator, tous ces monstres forment une constellation horrifique, à laquelle Darth Vader active plusieurs imaginaires de la menace.
Verdict du speed colloque « Imaginaire de la menace »
Malgré quelques difficultés techniques, la portion speed colloque de cette journée d’étude s’est bien passée. Depuis le déroulement du speed colloque « Contagion & Confinement », il est fort possible que les participants aient eu plusieurs occasions d’utiliser et de maîtriser le logiciel Zoom.
Je tiens à féliciter l’équipe d’organisation pour la tenue de cet événement, mais aussi tous les participants à ce speed colloque. J’ai été agréablement surprise par les manières dont on pouvait décliner la menace, qu’elle soit réelle, imaginaire, du présent ou du passé. Il n’y aucune doute : la menace, intime ou planétaire, continuera à inspirer d’autres œuvres de fiction.