Sérialité et Transmédialité (Claire Cornillon) | Bulles pop | Épisode 005

Une fois de plus, la télévision (mais aussi le cinéma) est à l’honneur dans ce 5e épisode de Bulles pop, alors que nous recevons Claire Cornillon. Maîtresse de Conférences en Littérature comparée à l’Université de Nîmes, Mme Cornillon remplit également d’autres responsabilités administratives, scientifiques et éditoriales, dont la codirection de la collection Sérial aux Presses Universitaires François Rabelais – collection dans laquelle se retrouve entre autres Florent Favard, notre invité de l’épisode précédent.

Mais qu’est-ce que la littérature comparée? Mme Cornillon nous explique :

« […] c’est d’aborder en fait la littérature hors des frontières nationales, donc soit en comparant des corpus de diverses langues, de diverses aires géographiques, mais aussi en abordant les liens entre la littérature et d’autres arts ou d’autres médias, dont la question de l’intermédialité qui, justement, va nous intéresser aujourd’hui. C’est vraiment une perspective vaste sur l’objet littéraire, à la fois théorique et puis historique ou dans une perspective d’analyse des œuvres. »

Spécialiste en analyse de séries télévisées, la chercheuse est avant tout une fan passionnée par Buffy the Vampire Slayer, mais aussi par Lost, The X-Files ainsi que Code Quantum et d’autres séries des années 90.

« […] beaucoup de séries que moi je qualifie de semi-feuilletonante formulaire, raconte Mme Cornillon, c’est-à-dire des séries où on a des intrigues qui reviennent à chacun des épisodes, et puis des choses qui s’étendent de manière plus feuilletonnante sur l’ensemble de la série. Donc, moi, j’aime bien ce format-là et je continue à l’aimer même aujourd’hui. »

Bien entendu, parler de séries permet également d’aborder le sujet de la sérialité, tel que définie par notre experte :

« […] le principe de la sérialité, c’est qu’en fait, on a des items, qui sont reliés les uns aux autres et qui forment un tout. Soit qu’ils sont reliés par un principe de répétition, soit qu’ils sont reliés par un principe de continuité en fait, où on a vraiment un fragment de l’histoire au fur et à mesure, qui avance. Et parfois, on a évidemment un mélange de ces deux manières-là de relier les items. »

Et qu’en est-il du transmédia?

« Le transmédia, c’est une notion qui existe en tant que notion théorique, notamment la question du transmedia storytelling, c’est-à-dire la narration transmédia. Depuis notamment les travaux de [Henry] Jenkins, qui a beaucoup théorisé cette question […]. L’idée de la narration transmédia, c’est que, au lieu d’avoir une narration sur une œuvre unique, on va avoir une narration qui va se déployer sur plusieurs supports, qui sont complémentaires. »

Mme Cornillon cite notamment l’exemple utilisé par Jenkins, The Matrix, qui a étendu son histoire sur plusieurs supports (cinéma, animation, jeu vidéo…), mais aussi l’univers cinématographique Marvel, qu’on peut suivre au cinéma et à la télévision.

« Donc, ce n’est pas simplement la question d’adapter un contenu d’un support à l’autre, comme on peut le voir de manière classique, c’est-à-dire adapter par exemple un roman en film. Ça ne suffit pas. L’idée, c’est vraiment que le roman et le film racontent des bouts de l’histoire différents. »

Plus tard, je l’interroge sur la place de l’interactivité dans une stratégie transmédia. Sa réponse :

« Tout est qualifié d’interactif et c’est […] un des buts premiers qui est attribué à la question du transmédia. C’est qu’on veut justement que les publics soient actifs et investis dans l’œuvre. Maintenant, qu’est-ce que ça veut dire être actif et investi dans l’œuvre? Ça peut recouvrir des choses très très très diverses. »

Par exemple, il peut y avoir interaction avec le jeu vidéo, notamment par la création de mods, ou encore une modification de l’univers fictionnel par l’écriture de fanfictions.

« Mais il y a une forme d’interaction aussi avec l’univers, ajoute Mme Cornillon, qui est lié simplement au fait déjà de tisser du lien mentalement et émotionnellement entre des différents supports. […] Donc, le simple fait de raccrocher les bouts d’histoire ensemble, et d’aller voir le film, la série, le jeu, et de faire le lien, c’est déjà une manière d’interagir avec l’œuvre. »

En somme, cet épisode aura été l’occasion de réfléchir notre rapport avec la fiction, non seulement dans un contexte personnel, mais aussi dans un contexte néolibéral.

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