Le 6 avril dernier a eu lieu la journée d’études Franchises et industrialisation de la culture populaire contemporaine à l’Université du Québec à Montréal. Après Gender/Genre et Recyclage en série, il s’agit de la troisième et dernière journée d’étude organisée par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclages en série. Comme le veut la tradition, nous vous présentons quelques communications ayant retenu notre attention.
« « Time, the final frontier » : exploration des enjeux temporels dans la franchise Star Trek » de Laurence Perron
Comme l’expliquait cette candidate au doctorat à la sémiologie, les frontières ne sont pas seulement spatiales, mais aussi temporelles, grâce aux voyages vers le passé ou le futur. Au cours de cette communication, Perron expliquait comment les voyages dans le temps sont utilisés comme métadiscours dans les différentes séries télévisées de Star Trek. Par exemple, dans Star Trek : The Original Series, un voyage de l’équipage dans les années 1960, époque où était diffusée la série pour la première fois, devenait un prétexte pour critiquer la société contemporaine. Plus tard, avec Star Trek : The Next Generation, le voyage dans le temps se complexifie, que ce soit par le dédoublement des personnages ou la répétition d’un segment du temps. À d’autres occasions, la répétition devient un moyen de rendre hommage à la série, par exemple avec l’épisode « Trials and Tribble-ations » de Star Trek : Deep Space Nine. Bref, l’espace disparaît au profit du temps, alors que le temps devient lui-même un espace à parcourir.
« « Resistance is futile » : sérialité et mondes possibles dans l’univers de Star Trek » de Roxanne Chartrand
Étudiante à la maîtrise en cinéma et spécialisée en études du jeu vidéo, Chartrand s’est basée sur les théories des mondes possibles pour étudier les relations entre les différentes séries télévisées et films de Star Trek (incluant les trois derniers films du reboot). Ainsi, au lieu d’imaginer les séries dans un ordre chronologique, Chartrand propose de les imaginer comme des sous-mondes dont les frontières sont poreuses. Par exemple, le reboot, que nous avons abordé plus tôt, peut être vu comme un sous-monde dans l’univers Star Trek A, qui inclut tout ce qui est reconnu comme canon. Bien entendu, cette réflexion, surnommée « l’accessibilité comme chantier », n’est pas complétée et Chartrand invite les spectateurs à partager leur point de vue sur cette réflexion.
« Why Won’t People on The Internet Let Things Die? A Manifesto for Shitposting » de Ruby Thelot
Dans cette communication, Thelot a résumé l’histoire du groupe Facebook Simpsons Shitposting, créé en 2015 et qui a attiré des milliers de membres. Pendant l’été 2016, cette page a été vendue à une compagnie, ce qui a créé une forte réaction de mécontentement. Finalement, après une menace de supprimation de cette page par la compagnie, un membre de la communauté l’a rachetée. Selon Thelot, c’était dans l’état d’esprit des shitpostings que le meme Steamed Hams (tiré de l’épisode « 22 Short Films About Springfield ») a connu une hausse de popularité en 2017. Ce meme a également été la cible de remix, avec quelques exemples présentés aux spectateurs (Steamed Hams, mais avec le directeur Skinner disant seulement la vérité).
« Performance de soi et téléréalité en contexte sériel : enjeux identitaires dans The Real Housewives of New York City » de Stéphane Girard
Dans le cadre d’une recherche sur les figures du discours narcissique, Girard, professeur de littérature et de sémiologie, s’intéresse à ce qu’il pourrait appeler la production de soi dans la téléréalité. Mais avant, il rappelle qu’il existe quatre « causes » de l’épidémie du narcissisme : générationnelle (avec les millennials), numérique (avec le développement d’Internet), économique (avec un accès facile au crédit) et culturelle (avec une fascination malsaine des médias pour les célébrités). Dans cette communication, Girard démontre comment est construit The Real Housewives of New York City. Inspirée par la série télévisée Desperate Housewives, cette téléréalité est construite sur deux types de séquences différentes : des séquences de monstrations (interactions conflictuelles entre les protagonistes) et des séquences de réflexion (commentaires des protagonistes suite aux actions). Le générique dans cette téléréalité devient une performance de soi, où chaque protagoniste affiche son motto, qui se conforme à un idéal collectif (la richesse, le succès, les apparences) ou se distingue des autres.
(Mise à jour du 11 septembre 2018 : Il est maintenant possible d’écouter les archives audio de cette journée en vous rendant sur le site web de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain)