Jusqu’à maintenant, nous avons exploré des conventions qui ont été créées dans les années 2010 (à l’exception d’Otakuthon, qui a débuté en 2006). Cette fois-ci, nous allons remonter plus loin dans le temps, vers la fin des années 1980. Une époque dans laquelle Internet n’était pas accessible à tout le monde et où il fallait plutôt se tourner vers les fan-clubs pour échanger sur nos fandoms préférés. Ce sera grâce à un de ces fan-clubs que nous verrons naître l’une des plus anciennes conventions de fans au Québec.
Con*Cept (Montréal)
L’existence de Con*Cept est fortement liée à celle de la MonSFFA, soit la Montreal Science Fiction and Fantasy Association. Au départ nommée la Montreal Star Trek Association (MonSTA), cette association est active depuis 1987 et a pour but de réunir tous les fans de science-fiction et fantasy de la métropole. Vers cette même période, Keith Braithwaite a rejoint ce regroupement de fans avec un ami :
« We befriended a whole bunch of people who shared a similar interest and enthusiasm for Trek and sci-fi, and from there, learned of the existence of other like clubs across North America, and of Star Trek and science fiction conventions, which took place practically every weekend in a city or town somewhere in the land! »
Peu de temps après avoir découvert le monde des conventions, il s’est impliqué dans la mise en place du premier Con*Cept. D’une durée d’une journée, cette convention avait lieu le 12 novembre 1989 à l’hôtel Maritime Plaza. Keith Braithwaite explique que les conventions d’Ottawa (Maplecon) et de Toronto (Ad Astra) ont inspiré la leur, mais aussi Q-Con, une convention québécoise qui n’a eu lieu qu’en juin 1988 et qui ne s’est pas renouvelée pour des raisons financières :
« Q-Con’s structure was similar to that of most North American conventions of the day, offering panel discussions, an art show and costume contest, albeit on a smaller scale, and other familiar staples of sci-fi cons. What it also offered that was uncommon, if not unique at the time, were a number of display tables on which were arranged a variety of sci-fi toys, plastic scale-models, collectibles and such for attendees to admire. Organizers had built, too, a full-scale Guardian of Forever time-travel gate, as seen in the original Star Trek, which decorated the convention floor, providing a gathering point and backdrop for fans’ photographs. »
Cette première édition de Con*Cept, qui bénéficiait d’un budget de quelques milliers de dollars, a réalisé un profit modeste de 700 $. Une somme qui, selon Keith Braithwaite, a grandement ravi l’équipe d’organisation. Suite au succès de cette convention, cette dernière est passée d’un événement d’une journée à un événement de trois jours. Elle continue à attirer des fans de science-fiction, mais également de futurs organisateurs, comme Cathy Palmer-Lister, devenue plus tard présidente de la MonSFFA.
L’organisation de Con*Cept devenant un événement de plus en plus prenant, la MonSFFA s’en dissocie après 1992 alors qu’un organisme indépendant prend le relais. Cependant, cela n’empêchait pas les membres de la MonSFFA de prendre part aux préparatifs.
Pendant les années 1990, Con*Cept a été l’hôte de certaines conventions. En 1998, Con*Cept était l’hôte de Canvention, une convention de science-fiction de niveau national dans laquelle sont présentés les Prix Aurora, qui récompensent les meilleures œuvres canadiennes de science-fiction et de fantastique. Plus tôt, en 1996, Con*Cept est jumelé avec le Congrès Boréal, une convention spécialisée en littérature de l’imaginaire. Selon Christian Sauvé, cette association est bénéfique pour le Boréal :
« Non seulement cela apporte-t-il de nouveaux participants aux panels, mais ça semble aussi donner un Boréal plus vivant: L’atmosphère un peu plus olé de Con*Cept (pensons seulement à la mascarade, par exemple) déteint sur Boréal. L’emphase sur les médias, jeux de rôles et autres divertissements pas nécessairement purement littéraires est peut-être condamnée par plusieurs, il en demeure pas moins que ça a dynamisé le congrès (en plus de fournir des exemples-à-éviter aux panellistes…) Peu importe le manque d’interaction entre les deux moitiés du congrès: C’est beaucoup plus agréable de se promener dans un hôtel ou il y a une présence perceptible d’un congrès de SF. »
Cependant, en raison de l’épuisement de l’équipe d’organisateurs ainsi que du nombre trop bas de pré-inscriptions, Con*Cept fut annulé en l’an 2000. Le jumelage entre Con*Cept et Boréal était terminé alors que la convention littéraire fit cavalier seul. Entre temps, la MonSFFA reprit l’organisation de Con*Cept et repartit avec un événement d’un jour en 2001, puis deux, puis trois jours les années suivantes. Après 2003, la MonSSFA quitta à nouveau la gestion de Con*Cept et la laissa entre les mains d’une corporation. À cette époque, le cinéma ainsi que la télévision contribuèrent à l’essor du fandom de la science-fiction :
« La population fannique de Montréal s’est aussi développée au cours de ces années, tout particulièrement en ce qui concerne les clubs d’orientation médiatique, surtout dans le domaine de Star Wars et Star Gate, et Con*Cept a tiré un grand soutient de clubs tels l’Alliance Impériale, SF Vortex et SG-25. »
Comme on a pu le remarquer ci-haut, le but de Con*Cept est « d’être le grand rendez-vous de famille de tous les fandoms montréalais ». Cependant, comme le mentionne ce résumé de l’édition 2006, ce genre de convention requiert une masse critique plus importante que les autres conventions :
« La SF est une très grosse tente, mais chacun a tendance à s’asseoir à une table spécifique, et le nombre de tables sous la tente peut donner l’impression qu’on est presque isolé au milieu d’une foule. L’environnement fanique montréalais s’est considérablement compliqué depuis quelques années : s’il y a moins de clubs de SF, la métropole a vu l’éclosion de conventions spécialisées telles Otakuthon (anime) et Royalcon (jeux), en plus d’événements relativement bien établis comme Fantasia (média) à un bout du spectre de magnitude, et Boréal (lit.franco) à l’autre. Ajoutez des one-shots prometteurs tels farthingparty (lit.anglo), et Con*Cept peut avoir l’air de danser sur des chaises qui n’arrêtent pas de bouger. »
Un constat qui rejoint les propos de Keith Braithwaite :
« Also, the market has changed a lot since Con*Cept’s heyday. Everything is more expensive, not surprisingly, and many of the local book, comics, and hobby retailers that filled our dealers’ room have long since gone out of business, unable to compete with online sales outfits like Amazon. So much of modern fandom has moved online, particularly younger fandom, and there isn’t as much interest in our kind of sci-fi convention as there once was. Much of what we used to offer the avid sci-fi fan at our events can now be had online! And we’d be competing, today, with the Montreal ComicCon, with its deep pockets, something that we just couldn’t manage as a small, fan-run convention. We couldn’t hope to book even a couple of the many star guests that ComicCon books! Our business model, like that of so many Con*Cept-like conventions, is no longer viable. »
Non seulement le modèle d’affaires de Con*Cept est désuet, mais il est devenu de plus en plus difficile de recruter des bénévoles, rappelle M. Braithwaite : « In Con*Cept’s final years, it was near-impossible to attract volunteers, as many of the originators of the con and long-time volunteers had departed. It was hard to replace seasoned volunteers, and the con sputtered in its last years, a victim of apathy, as well as a dearth of funds. »
En 2012, Con*Cept est annulé. Selon Cathy Palmer-Lister, elle doute voir renaître une convention comme Con*Cept :
« I suspect the days of the general interest con are over. I would not attempt to be all things to all fans, but rather focus on one aspect. I think I could be tempted to get back into con running if there was sufficient interest in Montreal for a strictly literary convention.
I don’t see that happening, though. »
Pendant toute son existence, Con*Cept aura été témoin de l’évolution des fandoms de science-fiction et de fantasy au Québec, des fan-clubs jusqu’aux communautés en ligne. Par cette évolution, les fandoms se sont multipliés, à un point tel qu’il est devenu difficile de tout réunir en un seul endroit. Résultat : certaines conventions se sont spécialisées (ex. : Otakuthon) alors que d’autres ont pris une avenue commerciale (ex. : Comiccon de Montréal). Heureusement, l’organisme fondateur, la MonSFFA, demeure toujours actif, que ce soit par la publication de son fanzine, WARP, ou par l’organisation de ses rencontres à l’hôtel Espresso. Anciennement connu sous le nom de Days Inn Centre-Ville, cet hôtel fut le théâtre de nombreuses éditions de Con*Cept.
Pour en savoir plus sur le projet GeekQCon
GeekQCon – Introduction aux conventions
GeekQCon – Geekulture Lanaudière (2017-)
GeekQCon – SagGeek (2016-)
GeekQCon – Otakuthon (2006-)
GeekQCon – Animara Con (2014-)
GeekQCon – Comiccon de Québec (2014-)
GeekQCon – GeekFest (2010-2018)