Le Comiccon est sans doute le nom qui vient le premier en tête lorsqu’on pense aux conventions en général. Lieu de rencontre de vedettes et des costumadiers les plus célèbres, attirant des milliers de visiteurs, les Comiccons sont aujourd’hui présents dans plusieurs villes du monde. Montréal a aussi droit évidemment au sien, qui a commencé tout petit et qui est devenu un événement incontournable de plusieurs fans de culture populaire et sans aucun doute le plus présent dans les médias. Regardons un peu de plus près son histoire.
Comiccon de Montréal (Montréal)
Disons d’entrée de jeu que le Comiccon montréalais n’est pas lié à la famille des Comiccons américains comme celui de San Diego; ils ne font que partager le même nom et la même vocation. Le Comiccon de Montréal a débuté comme un tout petit rassemblement d’amateurs et collectionneurs de comic books. La première édition du Comiccon comme on le connaît a eu lieu à la Place Bonaventure en septembre 2008 et était encore très modeste. Inspiré par les événements du même genre, il est apparu à un moment où les conventions étaient encore rares au Québec. L’Otakuthon venait à peine d’être créé deux ans auparavant et venait tout juste d’arriver au Palais des congrès. Présentant principalement des marchands de comic books, des collectionneurs et deux ou trois invités, la première édition a accueilli à peine 200 personnes dans un petit espace de la Place Bonaventure, raconte Jason Rockman, porte-parole de la convention. On y croisait quelques personnes costumées, mais c’était surtout un rendez-vous pour amateurs et collectionneurs. Petit à petit, l’événement s’ouvre un peu plus à d’autres médiums et commence à recevoir quelques invités internationaux du monde de la bande dessinée, des comics ainsi que du cinéma et de la télévision. En 2011, l’événement déménage à la salle principale de la Place Bonaventure. Le nombre de visiteurs grandit très rapidement, atteignant les dizaines de milliers sans que les organisateurs y soient préparés. Lors d’une édition, ils ont dû refuser 4000 personnes parce qu’il n’y avait plus de place (Source). En 2012, l’événement déménage donc au Palais des congrès et la durée passe de deux à trois jours. Finalement, depuis 2015, le Comiccon a lieu en juillet pour pouvoir profiter de tout l’espace du Palais des congrès.
Depuis 2010, le Comiccon offre aussi une plus petite édition en hiver, le Mini-Comiccon. Au départ, le prix d’entrée était modique (5 $), mais depuis quelques années, le Mini-Comiccon est gratuit. Il a suivi le même chemin que l’édition principale, passant de la Place Bonaventure au Palais des congrès. Se déroulant tout juste avant les fêtes, cette édition est surtout axée sur la marchandise. Il n’y a pas d’invités, ou très peu, et l’espace est beaucoup plus petit. L’événement est surtout présenté comme une occasion de se procurer des cadeaux pour les fêtes. Les costumadiers y sont tout de même présents et on peut y voir quelques attractions.
À ce jour, le Comiccon de Montréal est tout à fait devenu un événement de culture populaire. Selon le site Internet de la convention, il englobe « les comic books, les bandes dessinées, la science-fiction, l’horreur, le manga, l’anime, les jouets, le cinéma, les jeux vidéo et l’univers du divertissement », ce qui ratisse assez large. Les plus grandes vedettes de franchises comme Star Trek, Star Wars, Doctor Who, Game of Thrones, Harry Potter, Marvel, DC et tant d’autres l’ont visité sans compter des stars de la lutte professionnelle, du web et de la costumade. De plus, le nombre d’activités, d’ateliers, de projections et de conférences ne cesse d’augmenter et de se diversifier. Par exemple, en 2015, la convention a décidé de donner une plus grande place au jeu vidéo (Source). Le succès ne se dément pas : l’édition de 2018 a accueilli plus de 60 000 visiteurs.
Le comic book et la bande dessinée conservent par ailleurs une certaine place. L’amateur a toujours la possibilité de fouiller dans des bacs à la recherche d’un numéro de comics qui manque à sa collection. De plus, la convention invite beaucoup d’auteurs, internationaux et locaux, qu’ils dessinent des super héros ou de la BD tout public. La direction du Comiccon trouve aussi important de donner une certaine place à la culture québécoise, ne serait-ce que pour garder son public local. Aussi, les organisateurs doivent tenir compte du fait que la plupart des francophones apprécient davantage la bande dessinée européenne que les comics. Pratiquement toutes les éditions ont reçu des bédéistes francophones, québécois ou étrangers. Le cofondateur de la convention, Oscar Yazedjian, a résumé dans un article de La Presse paru en 2010 : « Nous devons rejoindre deux publics au lieu d’un seul. C’est un défi que les autres foires n’ont pas à surmonter ». Ça se reflète aussi dans le fait que parmi les invités, on a souvent compté des doubleurs québécois de séries populaires. Il reste que les vedettes internationales sont encore celles qui prennent le plus de place sur l’affiche.
Le Comiccon de Montréal est arrivé à un moment où la culture geek commençait à se démocratiser et à sortir au grand jour. C’est ce qui explique peut-être sa croissance rapide. Lors d’une entrevue avec The Gazette, le directeur de la programmation du Comiccon, Cliff Caporale, explique : « C’est une sous-culture, mais ça change. Quand j’ai commencé dans les comics et tout cet univers, c’était bien plus une sous-culture. Nous étions peu et éloignés les uns des autres. Maintenant, avec les films tirés des comics comme The Avengers et X-Men, et aussi les séries comme Game of Thrones et The Walking Dead, c’est presque comme si la culture avait finalement rattrapé ce sous-genre, et maintenant, c’est juste de la culture populaire. »
11 ans après sa création, le Comiccon de Montréal est devenu un événement d’envergure à l’image de toutes les grosses conventions nord-américaines. Les médias en parlent beaucoup et il ne semble pas être près de s’essouffler. Ce gros événement a cependant l’avantage d’attirer l’attention des curieux qui auraient été, il n’y a pas si longtemps, réticents à ce genre d’activité. On se souviendra d’ailleurs de la publicité télé de 2016 qui invitait tout le monde à venir visiter, « costume, pas costume ». Malgré ses allures de grosse machine médiatique, le Comiccon de Montréal essaie quand même de rester fidèle aux couleurs du Québec et d’offrir plus que des vedettes. Ce sont ces dernières qui attirent les visiteurs, mais ceux-ci peuvent en même temps découvrir entre deux séances d’autographes un jeune auteur de comics de la région.
Pour en savoir plus sur le projet GeekQCon
- GeekQCon – Introduction aux conventions
- GeekQCon – Geekulture Lanaudière (2017-)
- GeekQCon – SagGeek (2016-)
- GeekQCon – Otakuthon (2006-)
- GeekQCon – Animara Con (2014-)
- GeekQCon – Comiccon de Québec (2014-)
- GeekQCon – GeekFest (2010-2018)
- GeekQCon – Con*Cept (1989-2011)
- GeekQCon – G-Anime (2009-)
- GeekQCon – Shawicon (2016-)
- GeekQCon – Nadeshicon (2011-)
- GeekQCon – Geek Café (2017-)
- GeekQCon – Congrès Boréal (1979-)
- GeekQCon – FantastiCon Montréal (2015-)