GeekQCon – Anthrofest (2006-2007) et What the Fur? (2010-2017)

Les furries forment une communauté de personnes appréciant le concept des animaux anthropomorphiques au cinéma, dans la littérature et dans d’autres médiums. Selon le regretté historien Fred Patten (1940-2018), le fandom furry a évolué à partir du fandom de science-fiction ainsi que celui des comics.

L’histoire des conventions furry

Dans son livre Furry Fandom Conventions, 1989-2015, Patten écrit :

« It is generally assumed to have gotten its start at the annual World Science Fiction Convention in Boston, Massachusetts, in 1980, when Steve Gallacci, a young U.S. Air Force technical illustrator, entered a painting of a cat-woman in flight gear standing next to a highly detailed fighter aircraft in the convention’s art show. […] Several of the fans who gathered around him found through discussions that many of their favorite stories were those featuring intelligent animal characters, such as the novels Animal Farm and Watership Down in science fiction, Disney’s animated Robin Hood in movies and Kimba the White Lion in television, and Donald Duck and Pogo Possum in comic books and strips. As Gallacci got out of the Air Force and began attending science fiction and comics conventions along the West Coast in the early 1980, the crowd of fans around him grew. Many were amateur cartoonists, and they traded sketches of their own anthropomorphic characters. » (Patten, p. 8)

Pendant les années 1980, la communauté furry s’est rassemblée à travers des conventions de science-fiction et de comics, comme le San Diego Comic-Con. La première convention furry, ConFurences, a été fondée à Costa Mesa (Californie), en 1989. Il faudra cependant attendre jusqu’en 1998 pour voir apparaître la première convention furry canadienne, Camp Feral!. Considérée comme la première convention furry se déroulant à l’extérieur, celle-ci rassemble des participants désireux de vivre une expérience de camping dans les forêts ontariennes.

Enfin, en 2002, la création de Canadian Anthro and Cartooning Expo (C-ACE) à Ottawa viendra influencer celle des conventions furry en territoire québécois. Pour le moment, seulement deux conventions furry québécoises ont existé : Anthrofest et What The Fur?.

Anthrofest (Montréal)

Anthrofest, ou International Anthropomorphics Festival, était une convention bilingue (anglais-français) créée à Montréal. Selon Patten, il existait trois raisons derrière la création de cette convention :

« It was created in 2006 partly to replace the cancelled C-ACE in Ottawa; partly as a smaller alternative to larger furry conventions; and partly as a more informal convention emphasing entertainment and a Mardi Gras atmosphere. » (Patten, p. 26)

La première édition d’Anthrofest, qui a eu lieu du 11 au 13 août 2006, se déroulait à l’hôtel DoubleTree, sur la rue Sherbrooke. Une centaine de personnes ont participé à cet événement. Lors de sa couverture de cette édition pour le fanzine WARP (#65, automne 2006), Sylvain St-Pierre raconte :

« While I found the offerings a little sparse, I did like the overall relaxacon-like atmosphere and enjoyed the opportunity to talk with authors I had known about for years but never met. Most furry comics are spread through the Web, and it was fun to be able to put a real flesh and blood (and fur) face next to names that until then had only been a bunch of pixels on a screen. Anthrofest’s organisers obviously did their homework, and several of their Guests are quite well known in the field. Montreal being a welcoming city, it looks like they all enjoyed themselves. » (St-Pierre, p. 25)

L’année suivante, la deuxième édition d’Anthrofest avait lieu elle aussi à l’hôtel DoubleTree, du 27 au 29 juillet. Cette fois, on notait la présence de 111 participants. Malheureusement, en raison d’une recherche infructueuse d’hôtel, il n’y eut aucune édition supplémentaire.

What The Fur

What The Fur? (Montréal)

De son côté, What The Fur? (ou WTF?) s’est développé « suite à la fin de C-ACE », dont la dernière édition a eu lieu en 2007. L’idée d’une nouvelle convention furry (elle aussi bilingue) à Montréal était supportée par deux communautés montréalaises de furries : MonFur et Francofur. En 2008, lors d’une fête de Noël organisée par MonFur, la tenue de cette convention était officiellement lancée. WTF? pourra, par la suite, compter sur l’appui d’autres communautés, dont l’équipe de bénévoles d’Anticipation (l’édition 2009 de la Worldcon, qui a eu lieu à Montréal).

Il faudra cependant attendre jusqu’en 2010 pour voir apparaître la première édition de WTF?, qui avait lieu du 4 au 6 juin, à l’hôtel Espresso. 232 participants étaient venus pour l’occasion. Les deux éditions suivantes se dérouleront également en juin, avant d’être tenues en mai pour les prochaines années (et en juillet pour la dernière année).

Une des particularités de cette convention est que chaque édition comporte un thème.

  • 4-6 juin 2010 : Pirates vs. Ninjas;
  • 3-5 juin 2011 : Zombie Apocalypse: Night of the Furry Dead;
  • 1-3 juin 2012 : Creatures of the Night;
  • 17-19 mai 2013 : Fairy Tales;
  • 23-25 mai 2014 : A Steam Powered Celebration;
  • 22-24 mai 2015 : Time Travelin’ Furries;
  • 20-22 mai 2016 : 00Fur;
  • 28-30 juillet 2017 : What Thine Fur: Getting Medieval.

Chaque thème apporte son lot d’activités spécifiques, mais certaines sont des incontournables de cette convention. L’une des activités les plus marquantes est la dégustation de chocolat lors de la cérémonie d’ouverture. À titre d’exemple, en 2011, les participants pouvaient déguster des truffes artisanales au thé vert ou des chocolats contenant de la pâte de fruits aux ananas.

Une autre activité régulière de WTF? est sa parade de fursuits. Semblables aux costumes des mascottes, les fursuits représentent généralement un animal anthropomorphe. Lors de chaque édition, WTF? rassemble des dizaines de fursuiters pour une parade dans les rues près du lieu de la convention. Cependant, en 2012, en raison de la grève étudiante québécoise et des protestations qui se déroulaient dans le centre-ville de Montréal, les fursuiters ne pouvaient parader, par mesure de sécurité.

Enfin, une autre activité digne de mention est celle des enchères pour une œuvre de charité. Au cours de son existence, WTF? a supporté le Zoo Ecomuseum, qui est considéré comme le seul et unique zoo extérieur sur l’île de Montréal. Grâce aux enchères, WTF? et ses participants ont récolté plus de 17 500 $ en sept ans.

Au cours de son existence, WTF? s’est déroulé dans quatre hôtels différents. En entrevue par courriel, Christopher Pilgrim (Feli), organisateur de l’événement, donne plus de détails à ce sujet :

« Over the 8 years we had four hotels where we held the convention. The Hotel Espresso in downtown Montreal, the Delta Centre-Ville, also downtown, the Sheraton Airport in Dorval, and finally the Holiday Inn Pointe-Claire. I can say with complete honesty that with the exception of the Sheraton, the other three hotels provided us with what we needed for the size we were each of the years we were held there. The Espresso, though small, was exactly what we needed to get the convention started. The Delta was admittedly a little too large and up-scale for our needs, and the Holiday Inn was perfect. »

Lors de sa dernière édition, en 2017, WTF? aura atteint le plus grand nombre de participants, avec plus de 500 visiteurs. Malheureusement, à cause d’un manque de bénévoles, cette convention a cessé d’exister. Christopher Pilgrim ajoute que la langue était également un défi pour la convention :

« Quebec is small. In order for a convention to thrive in the province, it needs to attract people from other provinces and countries to make up the bulk of the numbers. The issue is two fold. If the convention focuses on attracting out-of-province English speakers (anglophones), the French-speaking fanbase (francophones) will perceive the event to not be catering to them as it is not « french enough, » and they won’t attend. This means you lose some of the local support you might otherwise have. On the other side, your event is in Quebec. Outside of the Maritimes, Quebec and Ontario, the perception is that you need to be able to speak French to get by. We fought this perception for years, but barely made any headway. »

Malgré les défis de la langue et du bénévolat, il reste néanmoins un désir, pour la communauté furry québécoise et montréalaise, de voir apparaître une autre convention furry dans la métropole. Si, un jour, vous voyez une parade de fursuits dans les rues, ne soyez pas surpris.

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