La World Fantasy Convention (WFC) est un incontournable de la littérature fantasy et d’horreur. Depuis plus de 40 ans, cette convention itinérante présente les auteurs à leurs fans, et surtout, offre une tribune aux auteurs, éditeurs et grands fans de ces genres. Comme d’autres conventions qui voyagent telles Cruise Trek ou la Worldcon, la WFC est passée par Montréal il y a une vingtaine d’années et prépare un retour l’an prochain. Regardons d’un peu plus près cette convention, sa visite dans la métropole en 2001 et son retour prévu en 2021.
Histoire brève de la World Fantasy Convention
Nous pouvons décrire simplement la World Fantasy Convention (WFC) comme étant un équivalent fantasy et horreur de la Worldcon, qui est consacrée à la science-fiction. En effet, les deux partagent de nombreux points communs comme l’accent davantage mis sur la littérature, aux réflexions sur le genre et aux rencontres professionnelles. Cependant, il s’agit de deux événements bien distincts. La première édition de la WTC s’est tenue en 1975 à Providence (Rhode Island). Depuis, elle a lieu chaque année à la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre. Il s’agit d’une convention en majorité anglophone où chaque ville qui souhaite l’accueillir doit soumettre une candidature évaluée par un comité.
L’objectif des créateurs de la WFC était entre autres de donner ses lettres de noblesse au genre fantastique. Comme il est écrit dans le programme de la toute première édition: « The overall plan of the convention is to focus on the serious side of fantasy literature […] to gather for serious explorations into, and discussion of, fantasy art. […] The intent is to honor, in a way it never has before, the [supernatural horror stories and the fantasy]. » (source) Le congrès est donc une occasion de discussions et de rencontre entre avec les créateurs. Un des moments clés de la convention est la remise des World Fantasy Convention Awards, qui récompensent les auteurs d’horreur et de fantasy dans différentes catégories.
Chaque année, un thème teinte l’événement. Le thème peut être simplement un auteur, être aussi large que « Reunion » ou aussi précis que « Fantasy Writers of the Southwest ». C’est de plus une convention qui s’adresse manifestement aux professionnels et aux amateurs très sérieux en plus d’être avant tout un événement littéraire. Les places sont limitées à quelques centaines et son prix est assez élevé (plus de 100 $ selon les éditions). La programmation consiste surtout en des conférences et ateliers, mais il y a aussi une salle marchande de livres pour les amateurs et collectionneurs, une galerie d’art et des séances d’autographes. C’est aussi souvent un lieu de rencontres professionnelles entre éditeurs et auteurs. L’événement se déroule surtout aux États-Unis, sauf à quelques exceptions. Londres a accueilli l’événement en 1988 et 1997 et Brighton, aussi en Grande-Bretagne, en 2013. Il y a eu quatre éditions au Canada : à Ottawa en 1984, à Calgary en 2008, à Toronto 2012 et, celle qui nous intéresse ici, à Montréal en 2001.
World Fantasy Convention (Montréal)
L’édition montréalaise de la WFC a eu lieu à l’hôtel Delta centre-ville du 1er au 4 novembre 2001. Le thème était Je me souviens/I remember, clin d’œil évident à la devise québécoise. Cette édition se voulait être une célébration de la première WTC du nouveau millénaire et une commémoration du passé de la convention. Les invités d’honneur étaient les auteurs Fred Saberhagen, Joël Champetier et l’illustrateur Donato Giancola. Charles de Lint en était le maître de cérémonie. Cette édition s’est démarquée entre autres par une certaine présence francophone tant dans les auteurs, les artistes visuels invités que dans les conférenciers. En effet, il s’agissait d’un souhait des organisateurs dès le départ. Le site officiel annonçait d’ailleurs à cette époque : «The program will emphasize Canadian topics and Participants, as well as panels on past World Fantasy Conventions. We will present some panels in French or in French and English. »
Si aucune œuvre francophone n’était en nomination pour les prix annuels, il y en avait un certain nombre dans l’anthologie offerte aux participants. On retrouvait des auteurs comme Esther Rochon, Guy Sirois, Natasha Beaulieu, Daniel Sernine, Claude Bolduc et Joël Champetier pour n’en nommer que quelques-uns (source). Il reste que la WFC est un événement américain et un grand nombre d’invités et panélistes provenaient du monde anglo-saxon. Il est par contre intéressant de noter l’effort des organisateurs à s’adapter pour un événement qui ne se déroulait auparavant que dans des milieux anglophones.
Comme celui de 1975, le programme de 2001 souligne l’aspect professionnel et littéraire de l’événement : « The WFC has a well-deserved reputation for professional and businesslike conduct among it members. We appreciate your help in maintaining this reputation. Please note that this is a literary fantasy convention. You’ll see no hall costumes, uniforms or weapons being worn. » Dans un compte rendu qu’il a fait pour la revue Solaris, Christian Sauvé fait aussi cette observation : « Comparée à la moyenne des congrès anglo-saxons, la programmation s’intéresse peu au cinéma et à la télévision. Il n’y a pas de media room. » Il relate ensuite une anecdote voulant qu’un représentant d’Alliance-Atlantis se soit fait refuser la permission de projeter un extrait du Seigneur des Anneaux, car il s’agissait d’un film.
En ce qui concerne les activités en tant que telles, elles correspondaient à ce qu’on retrouve habituellement dans les WFC : une salle marchande pour dénicher des livres, une galerie d’art, une soirée d’autographes, un banquet le dimanche pour la remise des prix et, surtout, plus d’une trentaine de tables rondes, conférences et ateliers. Les sujets abordés touchaient évidemment les genres à l’honneur, mais aussi le travail de l’écrivain. On y retrouvait par exemple des ateliers sur la construction de mondes, la manière de tuer un personnage ou d’écrire des scènes de combats et la responsabilité morale dans l’écriture. Dans son compte rendu, Christian Sauvé rapporte aussi la couleur américaine de certains de ces ateliers. « Ce n’était pas non plus un accident si la WFC offrait une demi-douzaine de discussions sur les dessous de l’industrie, du livre électronique jusqu’aux rouages de l’édition, sans oublier l’incontournable table ronde sur la “meilleure” façon de devenir un pro du genre. À la World Fantasy Convention, c’est la conception américaine du professionnalisme qui est la norme. »
Malheureusement, la convention a souffert un peu de l’actualité. René Walling, cofondateur de Scintillation et qui participe aussi à l’organisation de la WFC de 2021, explique dans une entrevue qu’il nous a accordée : « la convention de 2001 s’est tenue six semaines après le 11 septembre, donc beaucoup de personnes ont annulé leurs plans de voyage en faisant une des plus petites qui a eu lieu, certainement la plus petite des 20-30 dernières années. » Selon le compte rendu de Christian Sauvé, 600 personnes étaient inscrites alors que la limite était de 800 visiteurs.
Le peu d’information disponible sur cette édition de la WFC relate tout de même une édition réussie, et surtout, à l’image même de ce que cette convention doit être. En 2021, l’événement reviendra à Montréal, 20 ans après sa première visite.
Le retour de la WFC à Montréal
Du 4 au 7 novembre 2021, la WFC reviendra à Montréal à l’hôtel Bonaventure avec le thème Fantasy, Imagination and the Dreams of Youth. René Walling a confié lors d’une entrevue qu’il s’agit de l’initiative de Diane Lacey, une fan de Toronto qui souhaitait revoir la WFC au Canada. La candidature de Montréal a été approuvée en 2018. Il est encore tôt pour parler du contenu de l’événement, mais les éléments habituels des WFC, « dictés par la tradition », vont tous s’y retrouver. Cependant, René Walling ne voit pas un événement identique à celui de 2001. « La communauté francophone est plus au courant de ce qui se passe dans le milieu anglophone qu’il y a vingt ans. J’espère donc qu’il y aura une plus grande présence d’acteurs du milieu francophone. Le milieu de la SF canadienne anglaise a aussi beaucoup changé et j’espère que la convention va refléter ces changements. Finalement, bien que la WFC ait bien des traditions, le milieu des conventions a bien changé dans les 20 dernières années et ces changements se refléteront sûrement dans la convention. » Parmi les invités d’honneur, notons Yves Meynard, qui était aussi de l’édition de 2001.
Le retour pour une deuxième édition, en plus des conventions déjà existantes dans les deux langues, démontre bien l’intérêt que la littérature fantasy et d’horreur suscite chez beaucoup de personnes dans la province. Un intérêt qui dure depuis bien longtemps et qui ne semble pas près de s’éteindre.
Pour en savoir plus sur le projet GeekQCon
- GeekQCon – Introduction aux conventions
- GeekQCon – Geekulture Lanaudière (2017-)
- GeekQCon – SagGeek (2016-)
- GeekQCon – Otakuthon (2006-)
- GeekQCon – Animara Con (2014-)
- GeekQCon – Comiccon de Québec (2014-)
- GeekQCon – GeekFest (2010-2018)
- GeekQCon – Con*Cept (1989-2011)
- GeekQCon – G-Anime (2009-)
- GeekQCon – Shawicon (2016-)
- GeekQCon – Nadeshicon (2011-)
- GeekQCon – Geek Café (2017-)
- GeekQCon – Congrès Boréal (1979-)
- GeekQCon – FantastiCon Montréal (2015-)
- GeekQCon – Comiccon de Montréal (2008-)
- GeekQCon – Anticipation (2009)
- GeekQCon – Mangabitibi (2012-2013) et AnimAT (2014-2015)
- GeekQCon – Scintillation (2018-)
- GeekQCon – Anthrofest (2006-2007) et What the Fur? (2010-2017)
- GeekQCon – Festival Draconis (2006-2009 et 2017-)
- GeekQCon – Star Trek Creation Convention (1991-1995)
- GeekQCon – RubikCon (2018-)
- GeekQCon – Geek-it! (2019-)
- GeekQCon – Cruise Trek : The French Connection (2006)
- GeekQCon – La parole aux visiteurs des conventions (1repartie)
- GeekQCon – La parole aux visiteurs des conventions (2epartie)
- GeekQCon – Montreal Science-Fiction Festival (1993-1994)
- GeekQCon – WhoCon de Montréal (1993)
- GeekQCon – TransWarp (1992-1994)